Rédigé par Alain dans la rubrique Lieu de mémoire, Portrait
Voici le témoignage de Marquerite Rouffanche, la seule femme rescapée du massacre d’Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne le samedi 10 juin 1944 par la division SS Das Reich. Mme Rouffanche a perdu dans la tuerie son mari et son fils qui ont été massacrés dans une grange, tandis que ses deux filles et son petit-fils âgés de sept mois étaient massacrés dans l’église.
Voici le témoignage de Marquerite Rouffanche, la seule femme rescapée du massacre d’Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne le samedi 10 juin 1944 par la division SS Das Reich. Mme Rouffanche a perdu dans la tuerie son mari et son fils qui ont été massacrés dans une grange, tandis que ses deux filles et son petit-fils âgés de sept mois étaient massacrés dans l’église.
Mme Rouffanche |
Déjà, de nombreux habitants d’Oradour y étaient assemblés . Cependant que, de tous cotés, affluaient encore hommes et femmes, puis les enfants des écoles qui arrivèrent séparément, les Allemands nous divisèrent en deux groupes : d’un côté, les femmes et les enfants ; de l’autre, les hommes.
Le premier, dont je fais partie, fut conduit par les soldats armés jusqu’à l’église. Il comprenait toutes les femmes de la ville, en particulier les mamans qui entrèrent dans le lieu saint en portant leurs bébés dans les bras ou en les poussant dans leurs petites voitures. Il y avait là également tous les enfants des écoles. Le nombre des personnes présentes peut être évalué à plusieurs centaines.
Le premier, dont je fais partie, fut conduit par les soldats armés jusqu’à l’église. Il comprenait toutes les femmes de la ville, en particulier les mamans qui entrèrent dans le lieu saint en portant leurs bébés dans les bras ou en les poussant dans leurs petites voitures. Il y avait là également tous les enfants des écoles. Le nombre des personnes présentes peut être évalué à plusieurs centaines.
Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes de plus en plus inquiets la fin de préparatifs auxquels nous assistions.
Vers 16 heures, des soldats âgés d’un vingtaine d’années, placèrent dans le nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse dans laquelle dépassaient des cordons qu’ils laissèrent traîner sur le sol.
Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l’engin dans lequel une forte explosion soudain se produisit et d’où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea.
Les femmes et les enfants, à demi asphyxiés et hurlant de frayeur, affluèrent vers les parties de l’église où l’air était encore respirable. C’est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d’un groupe épouvanté. J’y pénétrai à sa suite et, résignée, je m’assis sur une marche d’escalier. Ma fille vint m’y rejoindre. Les Allemands, s’étant aperçus que cette pièce était envahie abattirent sauvagement ceux qui y avaient cherché refuge. Ma fille fut tuée près de moi, d’un coup de feu tiré de l’extérieur. Je dus la vie à l’idée que j’eus de fermer les yeux et de simuler la mort.
Les femmes et les enfants, à demi asphyxiés et hurlant de frayeur, affluèrent vers les parties de l’église où l’air était encore respirable. C’est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d’un groupe épouvanté. J’y pénétrai à sa suite et, résignée, je m’assis sur une marche d’escalier. Ma fille vint m’y rejoindre. Les Allemands, s’étant aperçus que cette pièce était envahie abattirent sauvagement ceux qui y avaient cherché refuge. Ma fille fut tuée près de moi, d’un coup de feu tiré de l’extérieur. Je dus la vie à l’idée que j’eus de fermer les yeux et de simuler la mort.
Une fusillade éclata dans l’église, puis de la paille, des fagots, des chaises, furent jetés pêle-mêle sur les corps qui gisaient sur les dalles.Ayant échappé à la tuerie et n’ayant reçu aucune blessure, je profitai d’un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel.
L’intérieur de l’église |
Il existe dans cette partie de l’église trois fenêtres. Je me dirigeai vers la plus grande qui est celle du milieu et à l’aide d’un escabeau qui servait à allumer les cierges je tentai de l’atteindre. Je ne sais alors comment j’ai fait, mais mes forces étaient décuplées. Je me suis hissée jusqu’à elle, comme j’ai pu. Le vitrail étant brisé, je me suis précipitée par l’ouverture qui s’offrait à moi. J’ai fait un saut de plus de trois mètres.
Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j’avais été suivie dans mon escalade par une femme qui, du haut de la fenêtre me tendait son bébé. Elle se laissa choir près de moi. Les Allemands, alertés par les cris de l’enfant, nous mitraillèrent. Ma compagne et le poupon furent tués. Je fus moi-même blessée en gagnant un jardin voisin. Dissimulée parmi les rangs de petits pois, j’attendis dans l’angoisse qu’on vienne à mon secours. Je ne fus délivrée que le lendemain vers 17 heures.
Le bilan des morts s’établit ainsi :
C’était le 10 juin 1944.
Le bilan des morts s’établit ainsi :
- 55 enfants de moins de 5 ans,
- 147 enfants de 5 à 14 ans,
- 193 adultes masculins,
- 240 adultes féminins.
Pas un seul enfant ne sortit vivant de l’église.Trois enfants seulement échappèrent au rassemblement de l’école. Une seule femme rescapée de l’église.Trois femmes échappèrent au rassemblement et sept hommes. Quant aux constructions, tout fut rasé : l’église, quatre écoles, la gare… 328 bâtiments de tous ordres.
Avant l'incendie |