ONGLETS

Dordogne juin 1944

Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac

Voici un extrait amusant du récit de Philippe Papon (9ième compagnie de la brigade Rac).

Un jour, nous devions changer de secteur. Un ingénieur, tout juste sorti des Arts et Métiers, venait s’engager. Après avoir donné son titre, il ajoute : « Il serait utile que j’ai un poste à responsabilité ». « Dis‑toi bien, mon gars, qu’ici chacun fait ce qu’il peut, celui qui peut plus fait plus, c’est son seul avantage. Tu vois, on quitte ce camp, il faut tout remettre en place pour que l’on ne puisse pas s’apercevoir qu’une troupe a séjourné ici. Si tu vois une merde égarée, enterre‑là ». Le gars, courageusement, fit le travail, puis s’est fait muter ailleurs.

Nous assurions la garde du P. C. Rac à une époque où nous attendions des instructeurs anglais. Georges Lautrette s’occupait des liaisons radio. 
Nous disposions d’un casque anglais de la guerre de 14 et que s’amusait à porter Cordier, « Le Grand Toche ». On habille Cordier du mieux que l’on peut et on l’amène à Georges comme étant un Britannique para­chuté. Georges se précipite sur lui en lui donnant de vigoureuses poignées de main. « Hello boy! » répétait‑il à satiété. Le grand Toche lui débite quelques phrases en un anglais approximatif. Une intense rigolade s’ensuivit. Mais le lendemain, le vrai parachutiste arrivait. Il est présenté à Georges qui le secoue comme un prunier en disant : « Encore un que vous m’avez habillé ! », et s’adressant à l’autre, il dit : « Si tu es anglais, montre tes papiers ». Le parachutiste, flegmatique, sort son portefeuille et tend à Georges un préser­vatif en caoutchouc.