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Paul Chartrain "Éclair"

Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac, Portrait

En 1942, c’est déjà un pépère de trente‑six ans. Il est gendarme à Lanouaille et n’hésite pas à donner son adhésion au groupe Violette où son nom de guerre est « l’Éclair ». 

Dès l’apparition des maquis il veille au grain, prévient les chefs de ce qu’il sait, notamment des mouvements de G.M.R. et de gendarmes. Il donne des conseils en vue d’éviter toute action prématurée et imprudente. L’anecdote suivante le dépeint parfaitement (extrait de La brigade Rac) :

Paul Chartrain
Par une belle nuit de novembre Sarlandie, voyageur nocturne particulièrement entraîné parce qu’il s’occupe des maquis et plus spécialement de leur ravitaillement, passe à Lanouaille. Il sait où dort Chartrain et il entre à pas de loup dans la chambre où ce dernier couche avec son épouse. Il connaît très bien le petit logement derrière l’église pour y être venu déjà à plusieurs reprises et il sait qu’il n’y a qu’à pousser la porte qui n’est jamais fermée.

Malgré la discrétion de l’entrée de Sarlandie, Chartrain qui ne dort que d’un œil l’apostrophe tout bas pour ne pas réveiller sa femme.

- C’est toi la belette ? Il l’appelle ainsi car Sarlandie n’est ni gras, ni de grand modèle.
‑ Oui, c’est moi ; je viens voir si tu as toujours les haricots qui ont été planqués dans ton grenier la semaine dernière, j’en ai besoin pour nos maquisards.

‑ O mon sauveur! Viens que je t’embrasse, tu me sauves la vie. Figure‑toi que j’entends craquer les poutres du grenier au‑dessus de ma tête, elles ne sont pas tellement solides et j’ai peur d’être écrasé comme une limace.

Ces haricots n’étaient autres que ceux réquisitionnés dans le canton de Lanouaille pour le ravitaillement général. Ils avaient été chargés sur le tacot de Périgueux et interceptés par un commando du maquis, puis entreposés dans le grenier de Chartrain. La cachette était bien choisie, car nul ne devait penser, évidemment, que le produit d’un vol qualifié commis en réunion sur les grandes routes était recelé par un représentant de l’ordre. Curieuse époque.

Le 16 février 1944, Chartrain ne ménage pas sa peine. Réveillé dès l’aurore par le pauvre Garde, préposé des P.T.T. à Lanouaille, qui a entendu passer les camions de troupes allemandes et qui a le pressentiment que le moulin du Pont Lasveyras, où est son fils, va être attaqué, se met en civil et pédale jusqu’au lieu du carnage auquel il assiste impuissant ; c’est lui qui guide, dans l’après‑midi, la contre‑attaque de Raoul et de Violette. Le soir il vient relever les victimes.


Au 6 juin 1944, Chartrain enlève son képi et prend un béret basque ; il ne le quittera qu’après la victoire pour rentrer dans la gendarmerie. Entre‑temps, il est l’un des pivots du 3ième Bataillon avec lequel il prend part à tous les combats de la Libération.

A lire également :
  •  Les soldats bleus (lien)
Service de santé du 3ième bataillon. De gauche à droite : Chartrain, Lauvray, Bournique, Garrigue, Raber
Saintes :Défilé du 6 septembre 1944 à Saintes. Violette bien entouré sous l’œil attentif de Chartrain