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L’affaire de Saint Astier

Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac, Combat

L'affaire de Saint-Astier se résume en une phrase : 300 F.F.I. devant 1500 Allemands. 

Extrait du journal Forces françaises de la brigade Rac (numéro 3 du 27 août au 3 septembre 1944)


Extrait du livre La Brigade Rac par le Capitaine Fred :

 Du 20 au 21 août :

Roland (Roland Clée), qui commande le secteur Centre de la Dordogne, est tombé le 12 août avec sa voiture sur un convoi allemand. Les deux hommes qui l’accompagnaient, mortellement atteints, sont achevés avec sauvagerie. Quant à lui, il a la « baraka ». Il vide ses chargeurs de mitraillette et abat trois ennemis, plonge dans une haie d’épines, passe au travers, Dieu sait comment, et parvient à se sauver, bien que blessé aux deux jambes.

Krikri, le 13 au matin, prend le commandement du bataillon. Donnons‑lui la parole :

Je passe la nuit du 14 au 15 août à Vergt auprès de Roland, qui malgré sa fièvre a toute sa lucidité. Je prends les consignes. Le 15 au matin, avec une voiture d’emprunt conduite par le jeune Laporte, de Périgueux, je me rends au P. C. avec le sous-lieutenant Cuville Jean, sorti de prison quelques jours avant. Arrivé au lieu dit « le Ruisseau‑Noir », route de Mauzac, nous tombons dans une embuscade. Ça fuse de partout. Par miracle, nous en sortons tous les trois, perdant tout, sauf nos armes. Le soir, j’arrive tout de même au P. C. conduit par Mlle Landu.

Les événements se précipitent. Le 16, dans la nuit, un agent de liaison me transmet une note qui me désigne pour prendre le commandement du secteur C, ce qui place sous mes ordres, en plus du bataillon Roland, le groupe Richardie de Ribérac, le groupe Eric de Celles, la compagnie Schartez du groupe « Verdun » et le groupe Paulus. Je prends contact avec tous ces éléments et le 18 dans la journée je suis informé que les Allemands vont quitter Périgueux dans la journée du 19 ou du 20.

Mouvements de la Brigade Rac du 19 au 21 août 1944 :

Je prépare mes ordres de mouvement en vue d’attaquer Saint-Astier mais ils sont mal exécutés, ce qui s’explique par le manque de moyens dont nous disposons.Je rencontre le 19 au matin le Maire de Saint‑Astier, un ancien de 1914‑1918, et Guitton qui remplace Eric blessé et évacué la veille.

II rend compte qu’il possède deux canons de 75 pris à l’ennemi mais que ces deux engins sont démunis d’appareils de pointage. Il y a une quinzaine de blockhaus en tout, répartis en trois endroits principaux : la gare, le centre de la ville et les carrières où est installée l’usine de la S.N.C.A.S.O. Dès le début de l’attaque, les Allemands se regroupent dans les blockhaus situés près de la carrière, situation excellente pour eux puisqu’il n’existe qu’une route entre les falaises et la rivière. Les deux pièces d’artillerie tirant à vue à 1 200 mètres aident notre infanterie à réduire les blockhaus.

Une première sommation en vue de la reddition est faite. Il est 16 heures. Elle n’aboutit pas. Guitton, excellent artilleur, met à nouveau quelques coups au but. Nouvelle sommation. Cette fois, le commandant du détachement allemand demande qu’il lui soit permis de récupérer ses morts et ses blessés, et déclare qu’il se rendra après.

Le lendemain 20 août, à 11 heures, la reddition est complète :

Il y a soixante‑dix‑sept prisonniers dont deux officiers, trois mitrailleuses Hotchkiss, trois F.M. modèle 24, 1 00 kilos d’explosifs. A midi, voici que des éléments ennemis arrivent aux Quatre-Routes et commencent à se déployer. Le feu est ouvert mais le combat doit s’arrêter vers 18 heures, car je n’ai plus de munitions. J’ai envoyé à trois reprises des coureurs à Périgueux pour demander des renforts et surtout des munitions, mais rien n’arrive. Je suis obligé de donner l’ordre d’évacuation. Nous emmenons nos prisonniers.

Dès que le feu a baissé d’intensité, les Allemands avancent et pénètrent dans Saint‑Astier où ils brûlent mon P.C. Ils ramassent dans le bourg tous les otages qu’ils peuvent saisir. Il y en a dix, ils seront fusillés le lendemain matin ainsi que deux parlementaires, dont le curé Lafaye et un Israélite qui l’accompagnait comme interprète. Les pertes sont très sévères. Nous avons quatorze tués et de nombreux blessés. Les adversaires beaucoup plus.Avec le lieutenant Lelong nous restons les derniers à tirailler encore pour retarder l’ennemi.

Le lendemain, nous défilons dans Périgueux, bien que harassés par deux jours de combat, avec nos prisonniers. La foule est folle d’enthousiasme, elle acclame notre bataillon qui a été formidable. Le surlendemain, je regroupe tout mon monde en trois compagnies : compagnie Cyrano, compagnie Lelong, compagnie Labadie. Nous pouvons être quatre cents combattants aptes à poursuivre le combat et nous prenons la direction de Bordeaux.

Je tiens à remercier Vincent qui m’a fait parvenir une photocopie des pages du livre Dordogne Martyre de Jean Constantin dit ‘Jean Bart’ imprimé en 1946.




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