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Les journées du 27 au 30 août 1944 à Barbezieux

Rédigé par Alain dans la rubrique  Document et livre

Extrait du livre « Ami, entends tu ? : L'occupation et la Résistance en Charente » par Guy Hontarrède.

Barbezieux connut la terreur à la fin du mois d'août 1944. Le 27 août, un détachement du 8e bataillon des F.T.P.F de Morny quitte sa base en Dordogne Nord. Il est commandé par un résistant de 35 ans, Denoyelle et comprend quatre maquisards du sud de la Charente. Le détachement reçoit un ordre dûment signé de son commandant de procéder à la réquisition d'un véhicule dont le maquis à besoin. Après avoir étudié sérieusement l'opération, deux des maquisards arrivés dans la ville vers 15 heures, se présentant à l'usine Viaud. Brusquement alors qu'ils sont en pourparlers, surgit une voiture allemande qui les a pris en chasse. Sans sommations ses occupants fusillent les deux jeunes patriotes. Ils remontent alors vers l'hôtel de la Boule d'Or où se trouvent les deux autres camarades de leurs victimes ; ils se saissent de l'un deux et l'abattent ; les consommateurs affolés s'enfuient par derrière tandis que le dernier des maquisards s'efforce de les protéger en tirant sur les allemands tuant l'un deux. Mais il est tué à son tour par une grenade.

Les Allemands qui appartiennent à la colonne du général Elster (Le « Marshgrupp » Elster, 20000 hommes, part de Bordeaux le 28 août 1944. Harcelé par les maquisards surtout dans l'Indre, il acceptera de se rendre aux Américains le 16 septembre 1944.), celle là même qui se rendra aux Américains vers Bourges quelques jours plus tard, voient des « terroristes » partout. Ils prennent rapidement position pour éviter que le « couloir d'évacuation » de leur troupes du sud-ouest ne soit bloqué à Barbezieux. Il est évident que certains de leurs officiers rêvent de mettre en application les instructions d'Hitler du mois de juillet visant à terroriser les régions où se trouvent des « terroristes ». Ainsi pendant trois jours tout ce qui bougera à Barbezieux sera en danger de mort. Commencent des fusillades, des cantonales, des incendies tandis que les gendarmes perquisitionnent, menacent et arrêtent une quinzaine d'otages dont deux seront emmenés jusqu'à l'état-major du général Elster à Nersac. Et pendant ce temps, des centaines, des milliers de soldats de la Wehrmacht dans des centaines de camions et d'automobiles, dans des charrettes tirés par les derniers chevaux ou les mulets des Landes ou sur des vélos dérobés dans toutes les petites cités traversées, et même à pied, reprennent le chemin du grand Reich. Chacun de ces convois, selon l'humeur ou le tempérament de l'officier prend une initiative dans cette ville de Barbezieux signalée comme repaire des « terroristes ».
 

La liste des victimes s'allonge : Mme Merle, entrouvrant ses volets est abattue par une rafale de mitraillette, Jean Sicard est abattu au pied de l'escalier de la maison où il loge, Pierre (Camille) Tarjella facteur, est grièvement blessé par des balles alors qu'il se rend à Barbezieux ; il mourra quelques heures plus tard.
 

Ce n'est vraiment que le 30 août, après le passage des derniers feldgendarmes que la petite ville charentaise réapprend à respirer librement. 1 500 habitants l'ont désertée. En fin de matinée, des détachements des maquis Pyrénées qui talonnent les Allemands, pénètrent dans la ville où le commandant Dalennes a déjà installé son P.C. Les groupes de Walter se sont réunis et se préparent à remonter vers Chateauneuf qu'ils libéreront. Puis deux jours plus tard, ils s'intégreront au régiment Bir-Hakeim et iront encercler les Allemands de la Rochelle.
Les Journées du 27 au 30 août 1944 à Barbezieux par Paul Guilbaud
(imprimé en janvier 1946 par Labore Probitate)

Une plaque située dans l'église de Saint-Mathias à Barbezieux, porte les noms des neuf victimes assassinées par l'armée allemande le 27 et 28 août 1944.

Voici les noms inscrits sur la plaque :
 
- Jean Chabrol tué le 27 août 1944
- Denoyelle 
- Samuel Gaillard tué le 27 août 1944
- Marie Louise épouse Merlet Goulard tué le 28 août 1944
- Pierre Guérin tué le 27 août 1944
- André Masfrand tué le 27 août1944
- Jean Sicard tué le 28 août 1944
- Camille Tarjella tué le 28 août 1944
 

En 2011 Le chemin blanc du Pré Mendé débouchant sur l'avenue des Alouettes a été baptisé Voie Camille Tarjella, nom du facteur de Barbezieux assassiné à l'entrée de cette voie lors de la débâcle de l'armée allemande le 28 août 1944.

A lire également :  
  • Le groupe maquisard Fischer, Walter, Petit (Barbezieux et sa région) (Lien)