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Naissance de la Section Spéciale de Sabotage de Jacques Nancy

Rédigé par Alain dans la rubrique Opération spécialeBrigade RacSection Spéciale de Sabotage
D'après les récits du Capitaine Jacques et de Guy Berger. Témoignages d'Edmond et d'Alcide Duruisseau du livre Nous, les Terroristes par Marc Leproux (1947) :
« Avec Blaireau (René Rispard) et le Petit René nous revenons à Feuillade où habite le propriétaire de l'Essarta ; nous essaierons de nous faire passer pour des évacués de la Rochelle (ça prendra-t-il ?). Il, paraît que ce n'est pas un mauvais bougre, ce M. du Long Bois, chef de service dans un quelconque Ministère à Vichy. En dernier ressort on pourra dire que nous sommes des réfractaires ; il peut vouloir prendre une assurance pour plus tard, quand nous serons les plus forts !... Nous nous présentons donc au château de Feuillade : la discussion est laborieuse, chacun veut rester sur ses gardes, se méfie de l'autre et nous nous quittons sans être plus avancés.
Nous retrouvons le reste du groupe chez Duruisseau (aux Forêts-de-Bouex à l'est d'Angoulême) où nous passons la nuit dans une maison voisine et inoccupée. L'arrestation de Dany Chaumet rend la reprise des contacts avec Londres assez problématique. Traqué de tous côtés, Jacques décide donc, pour continuer son travail, de monter un groupe de sabotage peu nombreux, jugeant que c'est la meilleure formule pour l'époque.

Au camp de Bioussac (Charente) : du 23 avril au 30 avril 1944
René Rispard    Jacques Nancy    Charles Franc    Denis Olivain
Edmond Duruisseau    Guy Berger


Le 26 février, l'équipe est donc constituée. Elle comprendra : le « Petit René », René Rispard dit « Blaireau », Guy Berger dit « le Pasteur / Antoine », Edmond Duruisseau dit « le Batteur / Séraphin », Charles Franc dit « le Pointu / Clovis » puis Roger Papineau dit « Grand Sifflet / Ghandi », et Denis Olivain dit « René » qui deviendra le Second. 
« Pendant plusieurs jours, dit Jacques, nous avons cherché un emplacement et rassemblé notre matériel ; le plus urgent est le sauvetage des dépôts d'armes. Chaque nuit nous y sommes aidés par un homme admirable, M. Duruisseau Alcide, père d'un de mes hommes. Nous arrivons, grâce à la famille Duruisseau : le père, la mère (Augustine), la fille (Andrée), la belle-fille (Denise), à sauver plusieurs tonnes d'armes et d'explosifs. »


Une famille de Résistants : les Duruisseau devant leur maison aux Forêts de Bouex après la guerre.
De gauche à droite : Denise, Édith, Alcide, Augustine, Andrée, Edmond.
Les enfants d'Édith et Fernand : Roland et Monique
Plaque apposée sur la ferme des Forêts, inaugurée le 21 mai 1967,
jour où Jacques Nancy a remis la Légion d'Honneur 
à Andrée Gros-Duruisseau
(photo Tony P)

Extrait du chapitre La merveilleuse histoire des S.S.S. de Jacques Nancy du livre La brigade Rac par capitaine Fred (1977) :

Recherché et traqué, le 11 février 1944, deux jours après la mort de Claude Bonnier, Jacques est à nouveau chez Charles Franc (à Ronfleville, commune de Malaville). 
Qui dira le courage tranquille de Clovis dans cette affaire. Désintéressé, calme, dynamique, il a fait don tant de sa personne que de ses biens à la Résistance. Sa maison est la plaque tournante des opérations aériennes ; elle est un centre très important de Résistance, lieu de réunions de chefs de réseaux ou d'agents parachutés, lieu d'attente pour les aviateurs alliés abattus (sa maison sera dynamitée le 9 mai 1944 par l'occupant).  

Clovis, qui participe à tous les sabotages, est grièvement blessé le 5 juillet ; il sera l'un des nombreux miraculés de Clairvivre qui doivent la vie au professeur Fontaine.   
Le soir même, le petit groupe quitte l'accueillante maison de Malaville et, par mesure de précaution, campe dans la luzerne. 

Le 15 février, Jacques arrive « aux Forêts-de-Bouex », à l'est d'Angoulême, dans la ferme de l'admirable famille Duruisseau, qui, malgré les dangers de l'heure, n'hésite pas à se mettre tout entière à la disposition de Jacques qui, pour elle, est un dieu. Je n'aurais rien fait sans des gens comme les Duruisseau, dira-t-il.   

Il y a d'abord Edmond Duruisseau, le fils de la maison, dit le Batteur; puis Séraphin, réfractaire au S. T. O. ; il a dû quitter son emploi à la Fonderie de Ruelle et bricole de-ci de-là, faisant de la propagande pour empêcher le départ des requis en Allemagne, camouflant des réfractaires (il y en a un chez lui) et recherchant les caches pour les armes.   
Et puis tous les amis : René Rispard, dit Blaireau ; il a eu maille à partir avec la Gestapo qui s'essouffle à le suivre à la trace. Sa profession de secrétaire de mairie le spécialise rapidement dans la confection de faux papiers et dans les problèmes d'intendance, tels que la « récolte » des cartes d'alimentation fausses ou vraies.   


Au camp des Forêts, de Bouex : du 30 avril au 9 mai 1944
Blaireau     Jacques     Clovis     Ren
é
Antoine    S
éraphin    Marc


Guy Berger, jeune blondinet aux yeux bleus et rieurs, humoriste à froid, détendu et apparemment sans grands soucis. Il en aura de très gros, lors de l'arrestation de ses parents par la Gestapo qui venait de le manquer le 21 février lors de la mort de René Chabasse. Employé de Préfecture, pour éviter le départ au S. T. O., il est étudiant en droit, préparant « en amateur » une capacité en droit. Circulant un peu partout dans les bureaux, il use sans vergogne des cachets officiels, imite les signatures, « emprunte » des imprimés de carte grise, permis de conduire et carte d'identité. Avec la complicité de son père, chef de service de l'alimentation de Prisunic, il troque d'innombrables tickets d'alimentation parachutés (les Anglais pensent à tout).   

II est d'abord Pasteur, il sera ensuite Antoine comme le célèbre lieutenant de Jules César. II sera chef de groupe de sabotage. Après la guerre, resté dans l'armée, il fera campagne en Indochine comme officier parachutiste.   
Petit à petit, se constitueront des équipes de sabotage. Jacques les recrutera un à un; ce sont d'abord, Albert Gin (Bébert), Marc Marquet (Marcou), Robert Delage (Grand Robert), Henri Nivelle (le F. M.), Robert Aimont (Décamètre), Gilbert Glangetas (le Mousse), Georges Giet, (le Pompier). Viendront ensuite Roger Papineau (Grand Sifflet / Ghandi), Pierre Chabasse (le Grand Pierrot) (frère de René qui sera tué à l'attaque de Royan), Justin Crouzaud, (Julot), Lucien Maurice (le Boxeur), René Tournier (Pierrot).   

Ce sont ensuite Robert Aiment alias Décamètre, Pierre Dugleux alias le Potard, Elie Dodart alias Emile, le Président, le Pompier, le Mousse, Henri le F. M., Jean le Cuistot, Lulu, le Ministre, Boby (qui transforma en écumoire un camion d'Allemands à Javerlhac le 24 juillet 1944), le Chtimi, l'Arbi, Bacchus, Bamboula, le Chouan, la Chèvre, la Science, la Mule (Toto), Cigare et puisqu'il fallait un général, l'Adjudant est venu en compensation. Mais pas de réflexions à faire en présence de Ghandi, l'Oeil de Moscou, Pas Fini, le Javanais, le Vicomte et Simplet, sans omettre le Chat, etc.   

Les effectifs grossiront surtout après le débarquement pour aboutir à une compagnie complète d'infanterie, la 2e du 1er Bataillon Rac puis du 50e R.I.   
Le prestige de Jacques lui permettait certainement de recruter une bien plus grande unité, mais ayant fait le choix, en ce premier semestre 1944, d'une troupe légère, à la solidarité exemplaire, le Chef ne tenait pas à majorer ses effectifs au-delà de ce qui était nécessaire, tant sur le plan de la sécurité que de la pleine efficacité pour les missions particulières de sabotage. Etre admis dans ce groupe était un honneur que l'impétrant ressentait profondément car il avait été jugé par des yeux pénétrants.   

A l'image de leur chef, les S.S.S. sont modestes, leur réputation les dispensant d'avoir à raconter des coups fumants. Pour ne pas à y revenir, citons quelques-uns de ceux qui viendront parfaire l'encadrement : François Guy et l'Aspi, alias Trousset, Roger Frontin, Daniel Guyot (ancien de 14-18), Gilbert Audry, Robert Pradier, Guy Charrier, Roy Armand, Joseph Wagner sans omettre le Groupe de commandement avec Jacky, alias Dussart Jacques et Jacques Dodard le Toubib.   

La sécurité étant nous l'avons dit le souci constant de Jacques, elle sera, en grande partie garantie par de rapides et fréquents changements de camps. Il y en aura vingt-trois avant « les Chadeaux » d'Augignac et de Puycharnaud. 

Le 21 février 1944, René Chabasse, alias Jean-Louis ou le Parrain, est abattu à Angoulême, vers 17 h 30, alors qu'il se rendait chez Pasteur absent. Celui-ci évite de peu l'arrestation et se rend aux Forêts-de-Bouex. Ses parents sont arrêtés.   

Autour de Jacques se retrouvent les anciens du B.O.A. Charles Franc, Edmond Duruisseau, Guy Berger, René Rispard. Une surveillance est assurée autour de la maison. I1 ne peut être question d'y rester. La présence de personnes suspectes peut attirer de graves ennuis à la famille Duruisseau.   

Andrée Duruisseau
Il est nécessaire de trouver un refuge. Une reconnaissance est faite aux Essartas, près de Feuillade, dans une région isolée. Les bâtiments sont abandonnés depuis longtemps, il n'y a pas de puits. Un seul affreux chemin dessert l'endroit, dominé de partout. Jacques s'y installe, mais le 5 mars, il ira au Mas-de-Vouzan dans une maison abandonnée appartenant au frère de M. Duruisseau.   

Le 15 mars, la Gestapo fait une descente chez les Duruisseau et arrête leur fille (Andrée). Elle sera déportée à Ravensbruck, suivi du Kommando de Buchenwald pour ne retourner à Angoulême que le 1er juin 1945.


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René Chabasse : 1946 - Inauguration de la plaque commémorative à Angoulême (lien)

Angoulême février 1944 : L'arrestation de la famille Berger (lien)

L'arrestation d'Andrée Duruisseau le 15 mars 1944 (lien)

Une belle famille de la Résistance : Les Duruisseau (lien) (en anglais)

Monument à Vouzan de la S.S.S. (lien)


Ci-dessous, une page dédié à la S.S.S. de la hebdomadaire de l'A.S. Dordogne-Nord / Brigade Rac Forces Françaises (Septembre 1944) et le Bulletin de l'Amicale S.S.S. numero 3 : novembre 1946.





DVD et tapis de souris du film "Les Saboteurs de l'Ombre et de la Lumière" (lien)