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Juignac (Charente) a fait l'honneur à Isabel Retourné : Une Espagnole dans le maquis

Rédigé par Alain dans la rubrique Hommage et recueillement  
Je suis très reconnaissant à Jiouxleigh, une habitante de la commune de Juignac qui a trouvé cet article d'un vieux bulletin communal d'information de Juignac : Vivre Ensemble No 27 de juin 2003. L'histoire a été publié à l'origine dans le Charente Libre du 14 mai 2003.
Juignac a fait l'honneur à Isabel Retourné et son attitude courageuse pour la liberté.
A l'occasion des cérémonies commémoratives du 8 mai 1945, la commune de Juignac (Charente) avait tenu à honorer une de ses habitantes en lui remettant la médaille de la Reconnaissance Française. Isabel Retourné, à 89 ans, peut aujourd'hui se pencher fièrement sur son passé. Habitant au Maine Neuf, Isabel Retourné reste discrète et modeste. Sa conduite entre 1939 et 1945 mérite pourtant d'être connue et saluée.
Juignac 2003
Elle a 22 ans quand éclatent, en Espagne où elle est née dans un village des Asturies, les premiers affrontements entre fascistes et « Frente Popular ». Eprise de justice, de liberté, courageuse et audacieuse, la jeune fille devient agent de liaison, transportant des messages d'une extrême importance.
Un jour de 1938, une balle explosive atteint le véhicule qui la déplace. Son bras droit est déchiqueté. Elle doit être opérée d'urgence en pleine campagne avec les moyens du bord. « S'il faut couper, coupe », lance-t-elle au médecin qui s'exécute sans trop anesthésier. Un seul bras, mais le même courage, la même volonté, elle continue ses missions jusqu'à la prince de Barcelone par les franquistes en 1939. Il faut fuir pour échapper à l'ennemi. Avec son père, elle trouve refuge en Charente, à Ruelle, au camp des Alliés.

Lors d'une rafle, les Allemands décident d'expédier les Espagnols en camp de concentration, à Mauthausen. Isabel Retourné y restera six mois dans des conditions difficilement imaginables. Son père y mourra épuisé par les corvées. Enfin, les Allemands décident de renvoyer les Espagnols en Espagne. Sur le chemin du retour, elle repasse par Angoulême, où, intuition subite, elle s'échappe avec une amie. En arrivant en gare espagnole, le groupe de ses compatriotes sera accueilli à la mitrailleuse...

Pour Isabel, une nouvelle page s'ouvre. Elle garde le souvenir d'André Malraux venu en Espagne au temps de Guernica. A son tour, elle aidera la France. Elle passe dans le maquis, réseau de Lorient, de Quimper, Quimperlé et Bannalac (Bretagne). Son action, parmi tant d'autres apporte un élan à la Libération. Elle revient à Angoulême en 1945. Elle aura l'honneur d'être la première porte drapeau des déportés. Ce drapeau qu'elle a offert au musée de la Résistance et de la Déportation à Angoulême. Elle y rencontrera son mari, Bernard Retourné.
C'est Jean Michel Bolvin, le conseiller général qui a remis à Isabel la médaille, en présence de nombreuses personnes, près du drapeau revenu du musée pour l'occasion et porté par le fils d'Isabel et Bernard. Il a rappelé ce que valait une médaille. « Ce qu'elle représente, c'est ce que le coeur y met. Celle-ci représente beaucoup et je suis fier de vous la remettre »
Ginette Nebout, le maire de la commune (de 2001 à 2008), après avoir retracé cette tranche de vie d'Isabel Retourné à conclu en ces mots : « Sachez bien que votre commune, Juignac, apprécie votre conduite exemplaire. Nous sommes très fiers de vous et extrêmement reconnaissants ».


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Monument aux morts de Juignac (lien)