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Mas de Sarrazac (24) - photos et discours de la commémoration du 29 mars 1944

Rédigé par Marc Delage dans la rubrique Lieu de mémoire

C'est en ce 29 mars 1944, que va se passer un drame sur la commune de Sarrazac, mais je laisse la parole à Monsieur le maire, nous faire part de ce récit. En fin de commémoration ce 29 mars 2O18 les enfants des écoles entonnent la Marseillaise, suivi du chant des partisans. Nous remercions la commune de Sarrazac, pour son chaleureux accueil.



Mas de Sarrazac 29 mars 2O18

C'est avec émotion que nous nous retrouvons ici réunis dans ce lieu chargé d'histoire, de sang et de courage, pour commémorer le 74ème

anniversaire de l'accrochage qui s'est produit sur ce tronçon de route, le 29 mars 1944 entre un groupe d'Edouard Mazy (dit Robert) du maquis du Chêne Blanc et une colonne allemande.

Ce groupe avait pour mission d'aller chercher quelques armes et munitions, d'un parachutage tout récent, chez Violette au Queyroi de Sarlande.



Le 29 mars 1944 sur cette route, non loin de cette stèle, le groupe se trouve face à deux voitures de reconnaissance allemandes.
Les maquisards ouvrent le feu ! "Deux Allemands sont tués". Une voiture est immobilisée, la deuxième voiture s'échappe.

Les Allemands repartis, voila que par malheur, ces jeunes pensant gagner du temps pour se rendre à Sarlande, s'affairent à redémarer la voiture stoppée.

C'est alors que deux autos-mitrailleuses débouchent du virage et ouvrent le feu sur le groupe. Serge Guinot, Marius Chaufaille, Paul Astier, Pierre Jacob sont mortellement touchés.
Deux hommes sont blessés : Raymond Gangloff atteint à la cuisse et Camille Dupuy au talon. 
Un homme plonge dans le ravin, un autre homme se glisse dans les bois. Ils sont sauvés tous les deux.
Dans l'après-midi, une quarantaine de camions et voitures chargés d'Allemands arrivent de Thiviers et bouclent le secteur. 
Le village du Mas fut passé au peigne fin. Une femme de soixante seize ans, Elisa Mege qui cherchait à s'échapper est abattue par une rafale. 

Un homme, André Penaud est lui aussi abattu et laissé pour mort. Heureusement, un voisin, Monsieur Des Mesnard le conduit à Clairvivre, où le Professeur Fontaine lui sauve la vie. 

Le Maire, Monsieur Galvagnon est amené le soir même à Périgueux avec une dizaine d'otages. Ils rentrèrent chez eux quelques jours plus tard.

Malgré ce coup dur, c'est avec courage que les hommes survivants du groupe accomplirent leur mission. Mais le parcours de sept kilomètres dura sept heures, de ce lieu, pour arriver péniblement à Sarlande chez Violette.


Dans notre région où la résistance était fortement implantée, cette tragédie faisait partie des opérations d'envergure de l'ennemi. Le but des troupes allemandes était d'arrêter les combattants de l'ombre, dont elles pressentaient déjà la puissance, et de démanteler les structures de résistances.


Je vous invite donc tous à honorer la mémoire de ces hommes tombés au combat et de cette femme sauvagement assassinée.

Ayons aujourd'hui une pensée émue pour eux en ce jour d'anniversaire de leur mort.

Je remercie toutes les autorités civiles et militaires, Messieurs les Présidents des diverses amicales, Messieurs les porte-drapeaux et leur associations.


Merci à vous tous.











Extrait du livre 'La Brigade Rac' par Capitaine Fred :

Raymond Gangloff, Victor Sieb, Serge Quinot : chefs de groupe (A.S. Violette)

Ce sont de petits sous‑off. de l’armée de l’Armistice, les deux premiers sont Alsaciens, quant à Serge, on ne sait rien de ses origines.

Tué le 29 mars 1944 au combat du Mas, Serge a été enterré dans le petit cimetière de Sarrazac et jamais aucune famille ne s’est manifestée en ce qui le concerne,  ses anciens compagnons, depuis trente‑trois ans, n’ont jamais manqué de se réunir le 29 mars de chaque année pour fleurir sa tombe.

Les trois garçons sont arrivés au Queyroi‑de‑Sarlande courant 1943. Combattants de 1939‑194O, ils avaient une bonne formation militaire qui leur valut d’être désignés comme chefs de groupe. Disciplinés, ils le sont tous les trois, ainsi pas question de voir les recrues qui sont avec eux désobéir à un ordre ou aller à la maraude. Ils sont au combat du Mas‑de‑Sarrazac. Ils ont pris une auto‑mitrailleuse dont ils ont tué les occupants, Serge a relevé le capot et essaie de la faire démarrer quand un retour offensif le tue net, ainsi que trois jeunes volontaires qui sont à ses côtés.

Raymond a une jambe traversée par une balle, mais parvient à se sauver aidé par Victor. Tous les deux termineront la campagne avec le 3e Bataillon de la Brigade Rac.

Victor Sieb, que l’on appelait Napoléon ou « Napo », terrible baroudeur, est de tous les coups durs. A la contre‑attaque du Pont‑Lasveyras, le 16 février 1944, dans l’après midi, il passe entre les balles, le 29 mars au Mas‑de‑Sarrazac, de même. Encore, le 9 mai au Pont‑Labance, dans l’engagement où plusieurs miliciens sont tués, le 6 juin aux Piles, le 23 août au Pizou, ensuite sur le front de l’Atlantique avec la compagnie Raoul, Napo est toujours aux premières loges. La guerre finie en France, il est volontaire pour l’Indochine. Malgré nos recherches, il nous a été impossible de savoir ce qu’il était devenu. Mort probablement, et certainement en brave.
Napo, comme sous‑off. pour dresser les hommes dans les manœuvres d’ordre serré, n’avait pas son pareil. Il aboyait littéralement. Violette l’envoyait dans les compagnies comme moniteur d’ordre serré.

Raymond est le seul survivant du trio. Il s’est marié à Limoges après sa démobilisation, et, comme dans les contes de fées, il a eu beaucoup d’enfants. Ce dont nous pouvons assurer le lecteur, c’est qu’il n’a rien perdu de son accent alsacien.

Il rouspète comme tant d’autres, et il a raison, car, malgré sa blessure, malgré les propositions de citations dont il a été l’objet pour sa belle conduite pendant plus de deux ans, jamais il n’a été avisé qu’il avait droit à un bout de ruban quelconque et sa boutonnière est totalement vierge.



Il y a tout de même des choses bizarres...


Tiré de l'hebdomadaire Forces Françaises