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L'abbé Julien dit Georges Rocal - curé de Saint-Saud-Lacoussière

Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacPortrait

Voici un article sur l'abbé Julien dit Georges Rocal tiré du numéro 5 du Bulletin de Liaison des Amicales Rac et 5Oe R.I. de juillet 1979.
Il a été le dernier papier écrit pour le bulletin par Robert Rol, ancien du 2ème Bataillon de la Brigade Rac.


L'abbé Julien dit Georges Rocal 
      ..... l'homme, le prêtre, l'historien

Pierre Pommarede, dans son livre "Séparation de l'Eglise et de l'Etat en Périgord" indique que vers 19O4, les abbés Julien et Sigalas étaient des membres ardents du mouvement "Le Sillon" de Marc Sangnier qui fondera plus tard les Auberges de Jeunesse et se réuinera pour soutenir ses convictions politiques.

N'est il pas curieux de souligner que ces deux prêtres seront, plus tard, en pleine communion d'esprit, des pionniers de la Résistance en Dordogne.

Plaque à la mémoire de Georges Rocal
sur la façade de l'église de
Saint-Saud-Lacoussière
S'il fallait classer les sillonistes dans l'optique de 1979, nul autre terme que celui de "progressiste" ne pourrait venir sous la plume. Ils se proclamaient républicains mais mettaient un très vif accent sur le problème social, ce qui étonnait quand celà ne scandalisait pas. Pour être prudents, disons qu'ils furent des précurseurs incompris.

Pour ce qui concerne l'abbé Julien, on est bien obligé de s'étonner, tant il y a contraste entre la doctrine du "Sillon" très franciscaine et le tempérament vigoureux, même à un âge avancé, de notre ancien aumônier.

Afin de servir le Périgord, il saisit à Saint-Saud sa plume alerte, incisive, colorée, pour peindre les moeurs et les croyances naïves des humbles, ses amis. Il prend le pseudonyme de Georges Rocal (même de nos jours peu de gens savent que son nom patronymique était en réalité Julien). Il y a lieu de penser que ce nom n'a pas été choisi au hasard, car en langue d'oc, il s'agit bien de la "roque", c'est-à-dire de la pierre, donc de ce qui demeure.

Homme d'études, il a la passion de la recherche, l'amour de la vérité. Il ne cesse de courir les archives départementales de Périgueux à Angoulême et à Limoges, les Archives Nationales à Paris. Sans avoir suivi le moindre enseignement de la Faculté, il a trouvé seul, les méthodes de travail des plus grands maîtres. Ce qu'il a écrit restera toujours la référence indispensable de tous ceux qui s'intéresseront à notre province. Son premier ouvrage important est de 1922, le dernier de 1956. Que de traces financiers, matériels, pour faire face l'édition, alors qu'il était à peu près sans ressources, et ce durant 35 ans.


L'église de Saint-Saud 

En 194O, la commune de Saint-Saud, dès le mois de juin, est sursaturée de réfugiés civils et militaires. Un officier supérieur est commandant d'armes dans le bourg ..... qui pourrait l'imaginer de nos jours ? Rapidement la co-existence entre le curé et cette autorité temporaire devient difficile. Comment pourrait-il en être autrement, alors que l'abbé Julien-Rocal devient marginal. Nous avons eu le privilège de lire ses mémoires de l'époque. La loi en interdit la publication avant 6O ans... et d'ailleurs celà ne serait pas publiable, tant de personnages importants y sont malmenés. Il se pourrait qu'après l'an 2OOO cette oeuvre devienne celle qui l'emportera sur toutes les autres, tant son intérêt historique semble grand.



Les Aumôniers de la Brigade Rac
De gauche à droite : L'abbé Rocal, l'abbé Giry,
Louis Dupin de Saint-Cyr et l'abbé Delpech
Thiviers le 13 août 1944

A contre courant de tous et de tout, il commence à accueillir les réfugiés de tous ordres, les proscrits politiques, les Israélites traqués et puis, les Résistants, les émissaires des divers mouvements, qui vont et viennent, ce qui l'oblige à disparaître de temps à autre par sage précaution. Le 6 juin, il laisse le soin de sa paroisse à un confrère et part, avec enthousiasme, comme aumonier dans le régiment Rac. Légèrement voûté par l'âge, un immense calot militaire sur le crâne et des cordons blancs de parachute de la tête aux pieds, il ne manque pas de pittoresque. Nous gardons le souvenir de notre avance de Cognac vers le sud de Saintes, nos voitures navigant de conserve, lui heureux et inspiré .... Moise vers la terre promise, la terre encore à délivrer. Quelqu'un a dit de lui "il a été un nouveau Pélerin de l'absolu, inébranlablement confiant dans notre mission".

Tampon de l'Aumônier de la Brigade Rac
A 7O ans, non seulement, il n'hésite pas à entreprendre la restauration de son église qui menaçait tellement ruine depuis 15O ans, que sous le Second Empire, elle avait été promise à la démolition ; les plans d'un faux néo-gothique étaient même prêts pour la remplacer. Sa renommée est telle que pour trouver les fonds nécessaires, il n'hésite pas à utiliser la grande presse parisienne et c'est ainsi que le Figaro, entre autres, lui prête ses colonnes pour des appels de fonds merveilleusement rédigés. Il réussit au delà de ce qui était prévu et à la restauration fait ajouter une décoration fort goûtée.


Faut-il dire que son presbytère, à la même époque, est plus que délabré et que pour protéger ses précieux documents, il met un parapluie au-dessus de son bureau, devant lequel il passe des nuits à travailler, sans feu, à la grande indignation du Commandant Vieugeot qui a été son hôte, durant plusieurs mois.

On demeure plein d'humilité, car ce n'est pas rien que de s'attanquer à une si forte personnalité. Il a été souvent mal jugé, mais l'habitude de prouver, a donné le change. C'est dommage et pleinement injuste, car ceux qui ont pu conserver le contact avec lui, de la fin de la guerre à sa mort, ont découvert avec un peu d'étonnement, combien il était attaché à ses amis, quelle fidélité de sentiments il n'a cessé de témoigner à tous les anciens Rac et combien son coeur, caché peut-être, était grand.

Il restera pour nous un exemple de courage, de lucidité, de patriotisme. Il est de ceux que nous ne pourrions oublier sans compromettre gravement la survie de l'esprit qui n'a cessé de nous animer.
                                                                                                       Robert Rol


Né à Saint-Saud-Lacoussière Guy Mandon retrace les combats et l'oeuvre de Georges Rocal dans son livre publié en août 2O16 :



























« Un prêtre résistant : Georges Rocal (1881-1967),
 Historien du Périgord et Juste parmi les nations »

Guy Mandon

Saint-Saud en Nontronnais (Dordogne-Périgord). Au coeur du gros bourg, niché auprès de l’église, dans un presbytère en forme de chartreuse, un prêtre, Georges Julien, Rocal en écriture (1881-1967).
Guy Mandon retrace ici les combats et l’oeuvre de ce curé de campagne, historien du Périgord. Le plus connu de ses combats est celui qu’il livre dans la Résistance, de son village au front de Royan, en qualité d’aumônier de la « Brigade Rac ». Son action est honorée à la Libération. Bien après sa mort, il reçoit le titre de Juste parmi les nations. Il est aussi l’écrivain qui évoque l’âme des paysans du Périgord, ces Croquants dont il ausculte les croyances, la vie quotidienne et les luttes séculaires. On lui doit surtout une histoire de la Dordogne, d’un Napoléon à l’autre (1799-1851). Démocrate et engagé sur le plan social, l’abbé Rocal tente, en vain, de résister à la désertion de son église.
Ce livre est également le récit des combats quotidiens d’un curé de campagne face à la déchristianisation, tantôt prompt à la sollicitude, tantôt à de grandes colères. Il doit aussi supporter d’étranges affaires et n’en sort pas indemne. Nous voici entraînés dans le récit d’une passion dont témoigne aujourd’hui son église restaurée de Saint-Saud Lacoussière.


— Format 16 x 24 cm, 224 pages, 2O € —


On peux acheter le livre du site de Editions Secrets de Pays (lien)

L'association Georges Rocal (lien)

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