Léo ROUSSARIE
Bureau et logement du chef de groupe de direction 11 du chantier de jeunesse n°5
194O/45 Mon Grand Père
par Pascal FEYFANT
Le 22 juin 194O est signé l’armistice avec l’Allemagne, traité qui limite l’armée Française en effectif et arrête la mobilisation des nouvelles classes. Après la dissolution de l'Armée française le 1er juillet 194O, le gouvernement du Maréchal PETAIN fit appeler le général de LA PORTE du THEIL, commandant le 7ème Corps d'Armée, il va créer (et commander à ses débuts) les CHANTIERS de JEUNESSE afin d’encadrer et instruire tous les jeunes des classes mobilisables de juin 194O à 1944.
Là s’arrête la mise en place du décor. Léo ROUSSARIE est né en 1921 (classe 41), il n’a donc pas fait partie des jeunes mobilisés. Le 28 aout 1941 il est convoqué au Chantier de Jeunesse n°5 LYAUTEY (qui existera de 1941 à 1943) dont la devise est « Bâtir ». Ce groupement qui est sous les ordres du commissaire Pierre DE MONTJAMONT a ses 1O groupes (« 1/Péguy », « 2/Charcot », « 3/Bayard », « 4/Guynemer », « 5/De Bournazel », « 6/Verdun », « 7/Francis Garnier », « 8/Gouraud », « 9/Du Plessis », « 1O/Jean Bart ») basés autour de PONGIBAULT (petite ville où se trouve le groupe de direction n°11 « Sidi Brahim » la devise de ce groupe était "Toujours d'acier", ce groupe était à Rochefort-Montagne jusqu’à mars 1941) dans le Puy de Dôme en AUVERGNE.
A son arrivée aux Chantiers on demande un volontaire pour faire de l’électricité, Léo se porte volontaire, il apprendra avec un collègue (ils sont deux électriciens pour le groupement). Il était rattaché aux "Services généraux" qui eux-mêmes faisaient partie du Groupe de Direction mais il est passé partout en fonctions des travaux à réaliser: mise en place de la lumière dans les nouveaux baraquements construits, raccordement électrique chez un boulanger proche d’un camp (ce qui lui permettra d’avoir du pain frais tous les jours temps qu’il restera dans ce camps), raccordement d’une salle de spectacle pour les fête de fin d’année en 1941 (chantier de plusieurs jours, son collègue ayant eu une permission on lui détachera un autre jeune, le chantier sera fini à temps et se
soldera par un spectacle et un bon repas), mise en place de poteaux et de câbles électriques. Cela va aussi lui permettre de visiter la région (de voire Mont d’Or, visiter le Puy de Dôme, d’aller à Clermont-Ferrand avec un chef de groupe, ....). La vie dans les groupes est spartiate, composée de travaux manuels et de sports au grand air, l’hiver 41/42 est rude avec beaucoup de neige (les nuits sont très froides, le poile en milieu de chambrée doit être veillé), mais il gardera de tous ces moments un bon souvenir. Le 11 juin 1942, au groupe de direction n°11 on lui remet son certificat de libération (ou certificat de moralité et de bonne conduite), il peut rendre son paquetage et prendre le train pour regagner la ferme familiale ou il reprend son activité d’aide agricole.
Pour les Chantier c’est terminé mais nous ne sommes qu’en 1942, la guerre est loin d’être terminée. Léo va profiter des connaissances qu’il a accise aux Chantiers pour tirer des lignes électriques chez
lui et chez ses voisins (à l’époque dans les fermes à la campagne, seule la cuisine bénéficie d’une ampoule électrique).
Il aura aussi l’obligation de guider les Gendarmes aux domiciles des jeunes qui ne se sont pas présenté aux Chantiers, taches pour lesquels il s’exécutera mais après être passé la veille pour informer les familles de sa venue avec les Gendarmes.
En tant que cultivateur il ne sera pas appelé pour le STO en Allemagne (Service du Travail Obligatoire) mais il participera à la résistance comme « Légal » pour l’AS (Armée Secrète), il sera chargé de réaliser une cache ou seront stockées quelques temps quelques mauvaises armes, il sera aussi à la réception d’un parachutage (parachutage détourné par un autre groupe), il mettra à disposition son moyen de transport (le vélo) et cachera avec sa famille des biens de familles en exode (biens qui seront récupérés après la libération). Les allemands passeront même à la maison mais les pourparlers avec son père Léon (qui a été prisonnier 4 ans en Allemagne en 14/18) feront retomber la pression et les Allemands passeront leur chemin.
A l’été 44 la Dordogne est libérée (il était temps, les supplétifs nord africains de la police Allemande faisaient des dégâts) puis c’est petit à petit tout le reste de la France qui va l’être, la conscription reprend son cours. Léo est mobilisé à Périgueux, de là il va être envoyé à La Courtine (Creuse) ou il sera intégré à la 449 Compagnie de Garde des Prisonniers de Guerre. Il y assurera la garde des prisonniers Allemands (plus de 3 7OO soldats) mais aussi la surveillance du camp de dépôt des troupes Polonaises (l'armée Anders) en attente de rapatriement. Il restera dans cette compagnie du 2O aout 1945 au O2 janvier 1946 sous les ordres du Lieutenant COMBALIER (ancien résistant blessé au combat). Après cette période de 4 mois (la durée passée aux chantiers de Jeunesse ayant comptée comme service militaire, ordonnance du 20 octobre 1944) le soldat de 2ème classe Léo ROUSSARIE est maintenant considéré comme ayant satisfait à ses obligations légales d’activité, il peut donc rentrer chez lui en Dordogne. C’est la reconstruction du pays, il est maintenant temps de reprendre son métier de cultivateur, de fonder une famille, d’avoir une fille.