Rédigé par Alan dans la rubrique Document et livre
This article appeared in the french language revue 'Voir' printed by the Americans during 1944 and 1945.
Portraits :
This article appeared in the french language revue 'Voir' printed by the Americans during 1944 and 1945.
Vergt : petite capitale du maquis
L'épopée du maquis a eu trois de ses théâtres principaux
en Dordogne, en Corrèze et en Haute-Savoie. Et dans les annales du Maquis de Dordogne,
rien ne peut rivaliser en célébrité avec le village de Vergt, que les hommes de
la résistance avaient baptisé "leur petite capitale".
Dans les collines boisées qui entourent Vergt, le
Maquis disposait de six bases nommées, d'après les "noms de guerre"
des hommes qui les commandaient, les camps Marianne, Francine, Ancel, Roland,
Valmy et Verdun. Les forces de l'armée clandestine ainsi groupées
représentaient des effectifs égaux en nombre à la population entière de Vergt
... et c'est au village qu'incombait la lourde tâche de nourrir ces bouches
supplémentaires. Le village, d'ailleurs s'en acquittait de bon cœur.
Mais cette bonne volonté, se transformait en joie
sans mélange lorsqu'il s'agissait de ravitailler le groupe "Marianne".
Le "capitaine Marianne" qui le commandait n'était autre, en effet,
que le propre épicier de Vergt de son vrai nom Gabriel Beney. Caporal de
chasseurs alpins, Beney était tombé aux mains des Allemands en juin 40. Les
premiers mois furent terribles parce que la situation apparaissait sans espoir.
Puis un beau jour, le "Volkischer Beobachter", journal officiel du
parti nazi, que Beney s’était procuré, lui apprit que le Président Roosevelt
venait de demander que soit équipée une armée de 500.000 hommes. Un
demi-million de soldats, c'est peu de chose à l'échelle de la guerre moderne et
les Allemands traitaient la chose en plaisanterie. Mais Beney comprit que ce
n'était là qu'un premier geste qui en annonçait d'autres. Et aussitôt s'installa
en lui la volonté formelle de retrouver sa liberté, de regagner son village
pour s'y préparer là par tous les moyens à aider les libérateurs le jour où ils
arriveraient.
La chance sourit à l'épicier. Évadé il parvint à
atteindre la zone libre, retrouva sa maison et fit confiance à ses compatriotes
pour ne pas le "vendre" aux argousins de Vichy. Confiance bien placée
: dans Vergt et dans les quinze autres bourgs ou villages du canton il n'y a
pas eu, jusqu'à la libération, un seul collaborateur !
Ce fut un an après ce retour clandestin que le
"capitaine Marianne" créa le noyau du maquis local, une poignée de
gars résolus qui furent bientôt connus des patriotes sous le nom collectif de
"Les six". Dès cet instant, Beney mena une vie triple : celle
d'épicier "bien-pensant", celle de ravitailleur des
"Réfractaires" et celle de chef d'un Maquis.
Pas bien loin de Vergt, au village de Saint-Alvère,
Beney trouva un collègue digne de lui : M. Larue, surnommé "Le père de la Résistance en
Dordogne". Capitaine durant la guerre de 14-18, instituteur dans le civil,
M. Larue avait pris sa retraite lors de l'irruption des Allemands en France.
Mais ce n'était nullement pour sauvegarder sa tranquillité. En fait Larue
était, dès 1942, connu comme la providence de ceux, prisonniers de guerre
évadés ou travailleurs fuyant la déportation en Allemagne, qui venaient
chercher refuge en Dordogne. Il les recevait chez lui, les ravitaillait puis
les installait sous les masques les plus divers chez les paysans des fermes
environnantes qui, tous, l'avaient eu pour instituteur et continuaient à lui
obéir tout comme au temps où il leur enseignait les Quatre Règles ou l'histoire
de France. Peu à peu il devint la cheville ouvrière d'une organisation couvrant
tout le département et qui groupait des instituteurs, des employés des P.T.T, des
fonctionnaires municipaux, ainsi que de simples citoyens appartenant à toutes
les professions. Un des plus actifs fut René Boillet, instituteur ......
Le colonel "Gisèle" (au centre) commandant les F.F.I de la Dordogne, à sa gauche le capitaine "Marianne" chef du maquis de Vergt et son fils, adjudant des F.F.I. Le lieutenant Robin tient le drapeau du Maquis de Vergt qui a vu le feu en 1870 et auquel a été ajouté une Croix de Lorraine.
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