Extrait de l'ouvrage La Brigade Rac par Capitaine Fred
Le monument le Pizou |
Violette avec son
bataillon, a quitté Périgueux le 21 au matin. Il arrive trop tard pour prendre
part au combat de Saint‑Astier mais il décide de suivre dans l’espoir
d’accrocher l’arrière‑garde allemande. Violette est un fonceur, il est en
avant de tout son monde dans sa traction avant et il arrive à Montpon à peu
près en même temps que les derniers éléments ennemis. La colonne le suit bien
mais il réfléchit qu’un combat de nuit ne peut avoir lieu dans la ville. Ce
serait une tuerie sans nom à laquelle serait mêlée la population. Sa décision est
vite prise. Il passera de l’autre côté de Montpon et attaquera le lendemain en
rase campagne quand l’Allemand voudra poursuivre sa route sur Bordeaux.
Il est 9 heures du soir quand tout le monde
est de retour à Mussidan où on se ravitaille en vivres. On va passer par les
petites routes, contourner Montpon et dresser l’embuscade du lendemain. A La Douches, un peu avant Le Pizou, les camions s’arrêtent, les hommes
s’étendent à terre et s’endorment immédiatement tant ils sont fatigués. Il fait
heureusement très beau.
Monument de Salagnac |
Le combat dure toute la matinée du 22 août. La 12e Compagnie va jusqu’au corps à corps. Elle perd 10 % de son effectif, dont le capitaine Selvez qui la commande.
Qu’importe! Le département de la Dordogne est maintenant complètement
nettoyé. Violette remonte mais ne s’attarde pas à Périgueux où s’affichent de
prétendus combattants F.F.I. « profiteurs de la gloire des autres ». Il
retourne au camp de Veyssieras près de Miallet et de là, son bataillon
regroupé, ira avec le reste du régiment Rac investir Angoulême.
Tué au cours de combat du Pizou le 22 aout 1944 :
- Michel Acker ‘Alfred’ originaire d’Alsace, 2e caporal de la 12e compagnie du Bataillon Violette.
- Raymond Lair, 18 ans, originaire de Metz, 2e caporal de la 12e compagnie du Bataillon Violette.
- Paul Selvez, 49 ans, originaire de Douai, capitaine de la 12e compagnie du Bataillon Violette.
- René Cron, 29 ans, originaire de Strasbourg, sergent de la 12e compagnie du Bataillon Violette.
- Pierre Guérin, 26 ans, originaire de Suresnes, Seine. Intendant de la 12e compagnie du Bataillon Violette.
- André Blanchier, 18 ans, originaire de Saint-Jory-las-Bloux.
- René Martial, 19 ans, originaire de Corgnac-sur-L’Isle.
- Roger Tarrade, 18 ans, également de Corgnac.
- Joseph Talech, 29 ans, originaire d’Oran.
Blessé
La commémoration du 22 août au Pizou est
commémorée chaque année le premier samedi après le 22 août.
Pault Selvez
Quand le capitaine
Paul Selvez, avant l’attaque de Périgueux, vient le 15 août 1944 dans la cour
de la gare d’Agonac, où se trouve le P.C. de Violette, présenter sa compagnie
qui descend de camions, il claque les talons et salue dans la forme la plus
réglementaire qui soit. Selvez, classe
1915, quarante‑neuf ans en 1944, capitaine d’état‑major de réserve, cité à
l’ordre de l’armée pendant la Première Guerre
mondiale, se mettant au garde‑à‑vous devant un jeune de vingt‑quatre ans de
moins que lui, à peine aspirant en 1940 mais commandant de son bataillon, c’est
tout un symbole.
C’est bien le
symbole de la discipline militaire librement consentie dans une armée de
volontaires au patriotisme le plus ardent. Que les détracteurs
des F. F. I. cherchant à ridiculiser leurs porteurs de galons méditent un peu
sur l’attitude de Selvez magnifique soldat, mort au champ d’honneur huit jours
plus tard, le 23 août 1944.
Originaire de Douai, en zone occupée, il renonce à rentrer chez lui après son retour de captivité en 1941 ; il ne tient pas à y retrouver les Allemands qui l’ont condamné à mort pour évasion en 1917 alors qu’il était requis civil. Il se fixe à Clairvivre où il a trouvé une place d’économe au sanatorium. Il arrive le 6 juin 1944 avec tous les jeunes de son entourage au camp Touzeau où va se constituer la 12ième Compagnie Rac. Étant donné son âge, il aurait pu rester bien tranquille, mais il se dit :
Les gosses ont besoin d’être encadrés et je suis
capitaine. Conséquence : mon devoir est de les rejoindre.
Il rejoint Violette
en juillet pour tenir le secteur de La Coquille. A la mi‑août, c’est
la prise de Périgueux et la poursuite de la colonne allemande qui se replie sur
Bordeaux. A l’aube du 22, c’est le sérieux accrochage du Pizou auquel participe
la 12e Compagnie. Celle‑ci, à un moment donné, prise sous des feux
de mortier, est obligée de se replier. Pendant ce mouvement, deux hommes sont
restés étendus ; Selvez dit alors à un de ses sous‑officiers, Guérin, qui est à
côté de lui : On va les chercher. C’est
en les ramenant à l’abri qu’ils sont frappés à leur tour et tombent
mortellement atteints.