Marcel Deflandre, le Président résistant.

Rédigé par Tony dans la rubrique  Portrait

Né le 20 Juillet 1901 à Rouen, Marcel Deflandre est nommé en 1934 à la direction de la raffinerie du Midi, à La Pallice. très vite, ses collaborateurs et ses employés apprécient son dynamisme contagieux, son esprit de droiture et de justice. 
Il s'implique dans la vie sportive locale et accepte en Mai 1938, la vice-présidence de l'Union-Stade Rochelais, aux côtés de Georges Plantard. Il sera élu président en Juillet 1939.
La guerre déclarée, la défaite brutale et l'occupation immédiate de la raffinerie par les troupes allemandes le laissent dans une grande tristesse. Se reprenant, il use de son habileté et de sa diplomatie pour maintenir une grande partie de ses ouvriers, requis sur place, leur évitant ainsi le transfert en Allemagne. Forcé de quitter l'usine au début de l'année 1941, il est nommé chef de district du pool des carburants par l'autorité préfectorale, en des attributions de carburant destiné aux véhicules autorisés à circuler, un poste qu'il occupera jusqu'à son arrestation.

Ses nouvelles fonctions lui permettent à la fois d'obtenir des autorités allemandes une quantité d'essence et de participer à la mise en place du mouvement de résistance qui se structure sur la région, tout en s'investissant un peu plus dans la vie du Stade Rochelais. Elu président du club à la reprise des activités sportives dans la ville occupée, en janvier 1941, Marcel Deflandre manifeste d'emblée l'ambition de tout mettre en oeuvre pour que le Stade recouvre son identité première. Très proche de ses joueurs, il ne manque jamais de les accompagner dans leurs déplacements, ce qui facilite aussi les contacts dans l'ombre.

En Octobre 1942, il intègre le groupe "Honneur et Patrie" aux côtés de son ami Edmond Grasset et commande la section "Ravitaillement essence". Détournant des quantités considérables de carburant, il imagine l'installation de postes clandestins destinés aux opérations de sabotage. En septembre 1943, un mois avant son arrestation, Marcel Deflandre part pour Paris avec une somme importante parachutée par les Anglais à destination de la Résistance. Arrêté à Niort, le 9 octobre 1943, après la trahison d'André Grandclément, chef de la région B, il est incarcéré à la prison de Lafond avant d'être transféré au Fort du Hâ. Passé en jugement dans les derniers jours de Décembre 1943 devant le tribunal militaire de La Rochelle déplacé à Bordeaux et présidé par le Kriegsgerichtrat Weide, il est condamné à mort et à la confiscation de ses biens. Sa résidence, 75 bis avenue carnot, est investie par l'occupant. Muré dans son silence, Marcel Deflandre sera exécuté au camp de Souge, le 11 Janvier 1944, avec 19 de ses codétenus. Ils quitteront les cellules du Fort du Hâ en chantant la Marseillaise.

Texte de Jean-Michel Blaizeau avec la participation de Janine Deflandre tiré de ALLEZ STADE n°234.


Photo : Mr Boinard, sud ouest.