Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac
Le drapeau du 50 ième RI :
Le 5 avril 1945, neuf jours exactement avant l’attaque du camp retranché de Royan, par un magnifique après‑midi de printemps étincelant de lumière, près du petit bourg de Nancras, où se trouve le P. C. de Rac, dix‑huit sections du 50ième se trouvent rassemblées formant les trois faces du carré.
Chacune représente l’une des dix‑huit compagnies du régiment, les autres tiennent les lignes à quelques kilomètres. Les tenues, trouées, délavées par l’hiver sont soigneusement brossées, les casques, dévêtus pour une fois de la couche de boue qui leur servait de camouflage, luisent au soleil tandis que les fanions sont doucement agités par la brise, une brise qui sent l’Océan tout proche.
Chacune représente l’une des dix‑huit compagnies du régiment, les autres tiennent les lignes à quelques kilomètres. Les tenues, trouées, délavées par l’hiver sont soigneusement brossées, les casques, dévêtus pour une fois de la couche de boue qui leur servait de camouflage, luisent au soleil tandis que les fanions sont doucement agités par la brise, une brise qui sent l’Océan tout proche.
L’avant‑veille, le lieutenant‑colonel Rac a reçu à Paris, des mains du général de Gaulle, le nouveau drapeau du régiment. Rentré à Nancras la veille au soir, il a décidé de le présenter aux troupes le jour même. Effectivement le jour J, le jour de l’attaque de Royan tant attendu, est très proche. Les musiciens dès le lendemain 6 avril, déposeront leurs instruments au magasin pour regagner les unités où ils servent normalement comme brancardiers.
Il est 16 heures, un commandement bref les hommes se figent, l’arme sur l’épaule. La musique débouche dans la prairie.
Elle vient clore la quatrième face du carré, tandis que le glorieux emblème apparaît avec sa garde. Précédé du colonel il vient se placer au centre.
« Faites présenter vos armes. »
La minute vaut d’être vécue ; le choc a été pareil dans les sept cents poitrines, du plus jeune conscrit au plus vieux chevronné ; chacun des assistants a tressailli, quelque chose lui a touché l’âme. Les immobilités sont devenues de pierre et les regards se fixent démesurément pour conserver à jamais la vision inoubliable.
« Officiers, sous‑officiers et soldats, je vous présente le drapeau de votre régiment. »
La voix du jeune chef (Rac a vingt‑neuf ans), monte dans l’azur, nette, forte et claire. Il évoque en quelques mots le passé glorieux du « Régiment de Vendôme » devenu le régiment de Périgueux. Rac lit les citations obtenues en 14‑18, puis conclut.
Dissous en 1940, il doit sa reconstitution à l’élan des volontaires du maquis, qui depuis plusieurs années, ont décidé de reprendre la lutte contre l’envahisseur.
C’est à vous, qui n’avez cessé de combattre, que le général de Gaulle, après vous avoir accordé l’honneur de reconstituer le régiment, vient de confier la garde de cet emblème.
Dans quelques instants vous défilerez devant lui, et, le fixant vous ferez le serment de le servir avec honneur et fidélité pour rester dignes de vos aînés.
Et c’est le défilé. Précédées de la musique, les quatre compagnies se succèdent dans un ordre parfait. En passant à hauteur du drapeau, les sections font tête à droite, et, dans les yeux des soldats on reconnaît la même flamme, on lit la même promesse de rester fidèles au serment que tous ont fait le jour où ils sont partis comme volontaires, promesse qu’ils viennent de renouveler.
En ces jours sombres de 1943 ou de 1944, quand ils ont quitté les bois de la Dordogne pour y vivre sans fanions, sans uniformes et trop souvent sans armes, la croix gammée flottait encore partout sur le sol de France. Aujourd’hui voici que les trois couleurs se déploient fièrement devant eux. Elles portent en lettres d’or les noms des vieilles victoires : « Zurich, Iena, LUTZEN, Sébastopol, La Marne, Champagne, Italie ». Il monte de cette troupe une souffle de fierté. Ce drapeau reconquis est l’image de la patrie retrouvée.
Et, tandis que le soir descend, alors que les cuivres se sont tus et que les hommes regagnent les cantonnements, voici que des éclatements, des départs et des arrivées d’obus se succèdent là‑bas du côté de la Seudre formant un grondement continu. Les boches tiennent toujours. Le duel d’artillerie qui se poursuit depuis sept mois témoigne à l’évidence de ce que le bastion de Royan résiste encore solidement. Une tâche pour demain reste à accomplir.
Et, tandis que le soir descend, alors que les cuivres se sont tus et que les hommes regagnent les cantonnements, voici que des éclatements, des départs et des arrivées d’obus se succèdent là‑bas du côté de la Seudre formant un grondement continu. Les boches tiennent toujours. Le duel d’artillerie qui se poursuit depuis sept mois témoigne à l’évidence de ce que le bastion de Royan résiste encore solidement. Une tâche pour demain reste à accomplir.
Les volontaires ont entamé leur refrain favori :
Maquisards de la République,
Surgis des bois du Périgord,
Aux boches nous faisons la nique,
Nous délivrons villes et forts.
Le drapeau de l’Indépendance
Par nous flotte jusqu’à la mer,
Nous le planterons à Mayence,
A Berlin nous pendrons Hitler.
Maquisards de la République,
Surgis des bois du Périgord,
Aux boches nous faisons la nique,
Nous délivrons villes et forts.
Le drapeau de l’Indépendance
Par nous flotte jusqu’à la mer,
Nous le planterons à Mayence,
A Berlin nous pendrons Hitler.
Les 14, 15, 16 et 17 avril, les gars du 50e aux combats de Royan feront honneur à leur drapeau, qui le 1er mai flottera sur l’île d’Oléron, face au grand large (Nous pensons qu’il conviendrait d’ajouter « Royan » à la liste des victoires inscrites sur le drapeau).
Le 1er décembre 1944, après la défaite, cinq ans d’occupation et des mois d’insurrection, la France libérée reforme ses glorieux régiments. Aux maquisards du secteur Nord de la Dordogne, aux F.F.I. de la Brigade Rac, qui n’ont cessé de combattre depuis le 6 juin 1944, est accordé l’honneur de faire revivre le 50e Régiment d’infanterie sur le front de l’Atlantique.
(Décision ministérielle du 23 novembre 1944.)
La minute de silence devant la gare de Thiviers août 1954 |
Martial Gaucher, Roland Clee, Vieugeot, Boucharel, Tom, Rac, Leymarie, maire de Thiviers, le Préfet de la Dordogne, Vives, Abbé Julien, Abbé Delpech.
A lire également :
- Gare de Thiviers le 13 août 1944 (lien)