Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac, Portrait
Né le 25 janvier 1915 à Thiviers, membre de l'A.S. de la brigade Rac.
Voici son profil tracé par Rac (Rodolphe Cézard)
Rien ne peut mieux le dépeindre que ses états de services militaires. L’engagé volontaire de 1934 au 126e R.I. à Périgueux a fait une carrière exceptionnelle ; campagne de France, Armée de l’armistice, Résistance, Allemagne, Indochine, Algérie, gravissant les échelons à la force du poignet. Il est capitaine d’active en 1952 et commandant de réserve lorsqu’il décidera de prendre sa retraite en novembre 1959. Nous venons de planter notre sujet. Disons maintenant quelles ont été ses activités dans la Résistance. Auparavant, indiquons qu’il a été le porte‑drapeau du 50e R.I. ; un honneur et une place enviée. Il l’avait bien méritée comme nous allons le voir.
En février 1943 il fait partie de l’O.R.A. avec Paul Raoul Christophe dit "Krikri", puis immédiatement de l’organisation clandestine de l’A.S. 5 Dordogne‑Nord. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Rac (Rodolphe Cézard); mais quelques mois plus tôt il avait déjà été sollicité par Charles Serre dit "Yvette" et détenait chez lui le premier poste émetteur‑récepteur de la région, poste que lui avait remis Pierre Maury, son ami de Thiviers ; charge qui méritait, vous vous en doutez, le poteau d’exécution en cas de découverte. Mais y songeait‑on à l’époque?, puisqu’on avait été radio dans l’armée de 1940. Une curieuse rencontre avec Rac le long de la voie ferrée qu’il faut garder entre la gare et le tunnel de Doueyras, un ouvrage qui nous a donné bien du souci, soit dit entre parenthèses.
Pierrot, comme l’on disait alors était un garçon réfléchi et sérieux ; il n’affectionnait pas tellement les opérations aventureuses, celles de son cousin Georges Lautrette, en particulier. Mais quand le moment fut venu de sortir de sa coquille, Pierrot ne quitta plus Rac d’une semelle. Il devint à la fois le petit chef d’état‑major, l’aide de camp, l’officier d’ordonnance, le confident.
Il vivait avec le patron jour et nuit, était au courant de tout, dirigeait le personnel du secrétariat, les agents de liaison, les téléphonistes, faisait tenir les états d’effectifs, les messages... En résumé, il était l’homme de confiance, et comptait parmi les plus fidèles collaborateurs de Rac.
Écrire tout ce que Pierrot a pu faire nécessiterait certes un volume. Il était particulièrement fier de porter le drapeau du 50e R.I. et n’aurait pas cédé sa place, surtout à Paris lors de la remise officielle des emblèmes aux régiments reconstitués, et à Nancras quand les troupes lui furent présentées.
Rac était, à l’époque, le plus jeune chef de corps de France, et Pierrot partageait cette situation privilégiée. Une seule fois Spack le remplaça pour le défilé de la victoire à Paris le 18 juin 1945. Quand le lieutenant Courant fut blessé, c’est Couturier qui vint commander la 9e Compagnie (3e Bataillon). Il n’y avait là que des gens de Thiviers que Pierrot connaissait très bien. Il eut, à l’époque, quelques missions difficiles à accomplir, ne serait‑ce que la remise en ordre de certaines maisons de Saujon : une situation provoquée et que l’on tenta de mettre sur le dos des unités de la Brigade Rac, qui eurent à s’en défendre, avec vigueur .
Pierrot n’a peut‑être pas été récompensé comme il le méritait des services rendus. Il est tout de même chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre, plusieurs fois cité... un beau soldat!