Le vendredi 26 Septembre 2014, j’ai eu la chance de
rencontrer Mme Simone Charrier du maquis de Bignac. Cette « petite »
dame du haut de ses 90 ans a eu la gentillesse de me recevoir à son domicile.
Une visite qui dura plus de deux heures dont je vais relater les différents
points dans l’ordre chronologique de notre conversation.
Certains points seront juste mentionnés car soit nous en
avons parlé dans un article sur ce blog soit nous en parlons plus loin dans
celui-ci.
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Dans un premier temps nous avons
parlé de la bataille de Venat. Bataille à laquelle elle n’a pas participé. Mme
Charrier m’a simplement relaté ce que les autres lui avaient raconté. Un détail
qui a son importance et pour mieux situer ce combat est que la stèle qui est
érigée au lieu dit le poteau sur la commune de Saint-yrieix-sur-charente se
trouve là où était la gare de Venat.
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Nous avons parlé de la création de
l’association des anciens du maquis de Bignac dans les années 90 pour le
cinquantenaire ainsi que de l’album dans les années 2000.
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L’arrivée de Mr Jean-François
Charrier (fils de Simone) était attendue et importante car il est le président
de l’association et nous dira qu’un projet de spectacle est en cours avec
l’association 32nd Field Artillery Battalion and co.
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Nous parlons des origines du
maquis. Mme Charrier me dit que Charles CORBIN a contacté Mr CHIRON, Louis MIEN
(Papa de Simone) et Charles GREFFARD (oncle de Simone). Une histoire de famille
en quelques sortes. MR GREFFARD qui possédait une imprimerie à SOYAUX recruta
les employés GIRY, SCAMPS et
BARCOUZAREAU en qui il avait une grande confiance.
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Nous continuons sur les
parachutages qui ont eu lieu à Bignac. Mr Mien qui a son brevet de pilote
connaissait bien Bignac, alors qu’il habitait à ANGOULEME et décida donc des
lieux de parachutage. Petite anecdote qui aurait pu être très grave. Lors du
premier parachutage le camion devant récupérer les affaires ne viendra pas. Il
se pourrait que le chauffeur ne s’est pas réveillé car il n’avait pas dormi
tout seul !!! Rien d’officiel mais c’est cette version qui est venue aux
oreilles de Mme Charrier, qui nous rajoutera qu’à cette époque ce n’était pas
des choses dont on parlait devant une jeune fille.
Pour ce premier parachutage qui
se fait durant l’été, les gens dormant les fenêtres ouvertes entendirent les
avions passés à basse altitude. Les collabos préviendront les autorités
allemandes ou/et de vichy dès le lendemain matin.
Les containers ont été cachés
dans les fossés et sous les feuillages. Mr Mien ira au moulin de Marsac voir
son beau frère, René Foucher, qui avait une camionnette et aussi un permis de
circuler. Le soucis est que c’est le seul à posséder un permis de circuler et
tout le monde connaît sa camionnette qu’il possède depuis 10 ans, alors autant
dire directement que ce sont eux qui ont fait le coup. Ils iront voir ensuite
Henri Duchais, un ancien de la guerre de 14.
L’oncle de Simone Charrier de
Marsac avait une scierie avec des employés qui feront parti du maquis de
Bignac. Le vétérinaire de Rouillac, Mr Charmoy a prospecté dans les fermes lors
de ses visites et fera ainsi de nombreuses recrues. Mr Rougier prendra son vélo
et ira voir où se trouvent les containers qu’il trouvera. Il sera le premier du
maquis à détenir une arme.
Suite aux dénonciations, les
allemands trouveront les containers mais remarqueront que des armes manquent.
Ils menaceront de représailles en exécutant des otages si les armes disparues
ne sont pas ramenées dans les 48H.
2 allemands, un jeune et un plus
ancien, reviendront à la mairie à la fin de l’ultimatum. Ils récupéreront
quelques armes mais pas la totalité ce qui énerva le plus jeune qui voulait en
découdre alors que heureusement le plus ancien était le plus gradé, lui avait
décidé de laisser faire. La discussion entre les deux allemands a été relatés
par une personne étant avec le maire. Cette personne ayant travaillé dans la
diplomatie à Prague comprenait très l’allemand.
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Mme Charrier vient à me parler de
Louis Sirois, l’opérateur radio qui programmera le bombardement de la gare
d’Angoulême le 15 juin 1944.
Louis Sirois a 20 ans en 1944 et
venait du SOE. Il a fait exécuté un couple qui l’avait dénoncé, a dit que la décision
était difficile à prendre mais quand il s’agit de sa vie…
Décédé en septembre 2012, il
était revenu à Angoulême en 2005 où il avait été reçu à la mairie. Lors de la
rédaction de la brochure sur le maquis de Bignac, Mme Charrier a appris que
Louis Sirois avait été caché chez Mr Pouget, instituteur en retraite qui
habitait boulevard Alsace Lorraine non loin de l’habitation de la famille Mien.
Mr Mien partira d’Angoulême vers
Bignac après le bombardement de la gare. Mme Charrier qui à l’époque était Melle
Mien, était institutrice à l’école Jules Ferry. Elle préviendra qu’elle ne
viendrait pas le lendemain faire la classe car étant mineure elle devait suivre
son père.
A leur arrivée à Bignac, Mme
Charrier fera parti du groupe qui préparera un parachutage. Son futur mari Firmin sera aussi dans ce groupe.
Louis Sirois a séjourné à Bignac
et a émis de nombreux endroits pour na pas être repéré comme la forêt de bois
blanc, la braconne où le moulin de Genac. Cependant, comme il avait été
dénoncé, avait perdu confiance en lui et ne tapotait plus sur ses touches comme
avant. Son correspondant à Londres s’en était rendu compte et savait que Mr
Sirois n’allait pas bien. C’est pourquoi il fût remplacé par Roger Roux.
Il est arrivé à la gare de
Bordeaux que Mr Sirois fût contrôlé. Ce jour là il avait deux valises. Une
contenant des vêtements et l’autre la radio. L’allemand lui demanda d’ouvrir
les valises. Louis Sirois ouvrit celle pleine de vêtements et repartit
aussitôt. Malheureusement l’allemand l’appela et lui demanda d’ouvrir l’autre
valise. Sirois dira que c’est la valise de son patron et qu’il n’en a pas la
clé. L’allemand le laissera partir sans d’autre question. Sirois dira plus tard
qu’il avait eu peur que l’allemand voit ses genoux tremblaient.
En 1993, la Télévision canadienne
fit un reportage (Ils descendaient du ciel) sur Mr Sirois à Angoulême. Il
rencontrera à la guerre la fille de Mme Jeanne chez qui il était caché.
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Henri Duchais sera décoré par
l’Angleterre pour avoir aidé et hébergé des soldats. Décoration qui lui sera
amené chez lui par un émissaire britannique. Ce monsieur atterrira dans les
champs où avaient eu lieu les parachutages. Il le reçut donc dans sa ferme
accompagné du préfet de la Charente. Il les invita à manger avec lui. Ils
accepteront l’invitation et pour la petite anecdote Mr Duchais n’enlèvera pas les pièces de moteur de son tracteur qui
étaient au bout de la table.
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Camille Corbin offrira un
parachute à Mme Charrier pour qu’elle fasse sa robe de mariage. Mariage qui
aura lieu le 03 Février 1945 qui donnera 7 enfants, 13 petites enfants et 14
arrière petits enfants.
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Le terrain du parachutage se
trouve où il y a maintenant le plan d’eau du camping. Camping dans lequel se
trouve une exposition sur cette période. La maison d’Henri Duchais se trouve
quasiment en face de ce camping. Pendant une nuit, un mur avait été construit
dans cette maison pour cacher les munitions. Ce mur n’a été cassé qu’il y a une
quinzaine d’années. Au bord de la cheminée se trouvait il y a peu une boîte
pleine de balles de mitraillettes. Il y a de grandes chances que cette boîte se
trouve là depuis 1944 !!!
- Version farfelue d’aujourd’hui : il
n’y aurait eu aucun coup de feu lors du combat de Venat. Les allemands auraient
lancé une grenade qui toucha les fils électriques et seraient retombés dans
leur camion !!!
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Mystère : Des allemands tués
seraient enterrés dans les îles de la Charente vers vouharte.
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Lors de l’explication du
parachutage par Charles Corbin dans le champ, des résistants étaient donc à
l’écoute tandis que deux autres montaient la garde. Tout à coup, bruit de
mitrailleuse. Corbin dit à tout le monde de se mettre à plat ventre. Ensuite il
se rend à l’endroit où se trouvent les deux maquisards. Il se rend compte que
la sureté n’avait pas été mise, la veste d’un maquisard s’est accroché à la
mitrailleuse et la rafale est partie blessant l’autre maquisard à la jambe. Le
blessé sera amené chez Mr Duchais qui appellera son médecin traitant GALLAIS.
Celui-ci en parlera à son ami vétérinaire Charmoy. C’est ainsi qu’ils
rentreront dans le maquis de Bignac. Mr Charmoy recrutera ensuite dans les
fermes.
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Les deux frères de Mme Charrier
sont partis au STO en 1943. Jean, 22 ans, est parti à la construction de la
base sous marine de La Pallice à côté de La Rochelle au printemps puis partira
pour l’Allemagne en juillet. Son autre frère, étant au cap ferret, apprit ce départ, il décida de fuir en se
cachant dans un bateau de pêche.
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La radio du maquis de Bignac se
trouve actuellement aux archives municipales de la ville d’ANGOULEME.
Un grand remerciement à Mme Simone Charrier pour sa gentillesse ainsi qu’à Jean
François Charrier qui m’a permis de rencontrer cette personne formidable.
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