C'était avec plaisir que j'ai eu l'occasion de passer un beau matin en Septembre en compagnie de Gabriel Duverneuil et sa famille à La Tour Blanche en Dordogne.
Gabriel Duverneuil est l'auteur de la brochure La Tour Blanche : Hommage aux résistant(e)s de La Tour Blanche et des environs éditée par ses soins en mai 2015 à l'occasion du 70ème anniversaire de la capitulation nazie du 8 mai 1945.
Avec l'aimable autorisation de Gabriel Duverneuil trouvez ci-dessous un extrait de la brochure concernant son père.
Guy Duverneuil
Le parcours de mon père va débuter par son départ pour les « chantiers de Jeunesse », puis par l'envoi au STO (Service du Travail Obligatoire : instauré le 16 fevrier 1943 par le gouvernement de Pierre Laval sur demande de Fritz Saukel « le négrier de l'Europe ») en Allemagne, l'entrée dans la résistance et la clandestinité à Tarbes, et enfin le bataillon Héric, dans la compagnie canon, au debut de l'encerclement de la poche de Royan.
Guy Duverneuil à Casteljaloux |
Les chantiers de jeunesse
Les chantiers de la jeunesse française (CJF), souvent appelés chantiers de jeunesse, étaient une organisation paramilitaire qui existera de 1940 à 1944. L'armistice du 20 juin 1940 ayant supprimé le service militaire obligatoire, les chantiers de jeunesse furent créés comme une sorte de substitut. Les jeunes hommes en âge (20 ans) d'accomplir leurs obligations militaires y étaient incorporés pour un stage de six mois puis de 8 mois.
Guy Duverneuil, né en 1922, va être de ceux-là. Il partira d'abord pour Casteljaloux le 1er novembre 1942, puis à Pontgibaud dans le groupement No.5, où il reste jusqu'au 26 juin 1943.
De gauche à droite debout, Guy Duverneuil, Valentin Duverneuil, Roger Desport, Pierre Thouron
Accroupi, Pierre Desroziers, Arlette Sauvanaud, Pierre Weill |
La photo ci-dessus est prise en hiver 1942 à La Tour Blanche, pendant une permission de Guy Duverneuil, alors aux chantiers de Jeunesse, devant la scierie de Valentin Duverneuil son père. Nous allons retrouver Pierre Thouron et Pierre Desroziers dans le maquis du Nontronnais.
Le Service du Travail Obligatoire
Le 26 juin 1943, après que le gouvernement de Vichy ait décrété l'institution du Service du Travail Obligatoire en Allemagne, tous les jeunes de la classe 1922 seront envoyés directement de Pontgibaud vers l'Allemagne, au centre de tri de la main d'oeuvre de Cologne. Pour empêcher toute échappatoire, le camp de Pontgibaud sera cerné par les troupes allemandes. Comble de l'ironie, ce depart forcé leur donnera droit à un « certificate de libération ».
Arrivés à Cologne, ils seront rassemblés dans un centre de tri dans lequel les industriels allemands viendront faire leur « marché de main d'oeuvre ». Guy Duverneuil sera envoyé comme menuisier à Neuss (dans la banlieue de Dusseldorf) dans l'entreprise « Radiator » et ensuite à la « Neusser-Eisenbau ».
Il croit trouver l'occasion de retourner en Dordogne en demandant une permission pour voir sa belle-mère à Strasbourg, après le décès de son beau-père en octobre 1943. Mais la Gestapo fait pression sur sa belle-mère en la menaçant de l'envoyer au camp du Struthof (camp de concentration situé en Alsace) si son gendre ne réintègre pas le camp de Neuss.
Les maquis des Hautes-Pyrénées
La vraie carte de fausse identité de Guy Duverneuil, validée par le commissaire de police de Tarbes |
Il est alors nommé agent de liaison entre les groupes de maquis de la Haute Garonne et fait équipe avec Antoine Meyer. Ils vont avoir pour mission de prévenir, à partir du débarquement des alliés du 6 juin, les hommes qui devaient se regrouper pour former ce qui va devenir le Corps Franc Pommiès le CFP. Ils le feront en parcourant tout le département des Hautes Pyrénées à velo. Après la libération de Tarbes son groupe fait partie des unités du CFP qui poursuivent les Allemands qui remontent vers le nord. Son compagnon d'arme Antoine Meyer sera tué à côté de lui aux combats de Bernadets-Dessus le 20 août 1944.
Il demande alors à quitter le Corps Franc Pommiès pour rejoindre les maquis de Dordogne, et il est incorporé en septembre 1944 dans le groupe Héric alors à Saint Aulaye et il est affecté comme artilleur à la compagnie « canon » qui est dirigée sur Marennes pour réduire la poche de Royan. Guy Duverneuil ne s'engagera pas dans l'armée et demandera à retourner à la vie civile en novembre 1944.
La Tour Blanche : Hommage aux résistants (lien)
Le monument aux morts de La Tour Blanche |
Les quatre derniers noms qui figurent sur le monument aux morts : Laforest F, Etourneau A, Lagadec M, Renaudet M, se sont engagés dans la résistance. Marcel Lagadec a fait partie de la brigade Rac et participé à la bataille pour la libération d'Angoulême. Il est tué par une mine piège le 1er septembre 1944 à Angoulême avec six camarades de la brigade Rac.