Nos remerciements à Henri Gambade qui a eu la gentillesse de nous faire partager cet excellent document retraçant la période des parachutages dans la région de Quercy écrit par lui-même à l'occasion d'un rendez-vous du Rotary Club en novembre 2006.
LA RESISTANCE ∼ 1940 / 1945
Notre Président et aussi des Past-Présidents m’avaient demandé de faire une causerie sur la Résistance de 1940 à 1945.
Si vous le voulez bien, je vous parlerai de l’organisation de cette Résistance et des parachutages qui ont eu lieu dans notre région en 1943 et 1944. Je vous parlerai de ce que j’ai connu, ce que j’ai appris de mes camarades du Lot, de la Corrèze et du Cantal et surtout de mes amis anglais Richard PINDER, Gaston COLLINS, Michel WATNEY et Georges HILLER qui ont été séduit par l’amitié qu’on leur portaient - et sont revenu vivre dans la région.
Pour obtenir des parachutages et bien sûr des armes qui nous étaient nécessaires pour combattre l’occupant nazi, il fallait d’abord entrer en contact avec une organisation Française du Général de Gaulle ou une organisation Anglaise à Londres.
Henri Gambade et sa Légion d'honneur |
C’est ainsi que le major Harris Peulevé atterrît sur le terrain Talamy à Ussel en Corrèze, le 20 juillet 1940, par avion Lysander. Cet appareil monomoteur, donc plus silencieux, avait ceci de particulier : un train d’atterrissage fixe et très résistant.
Peulevé prend contact à Brive avec Maurice Arnouil qui possède, avenue de la gare, une entreprise de fabrique de gazogènes : Gazo Bloc, où il va s’incorporer pour se camoufler. Il organise l’embryon des réseaux qui devaient s’étendre sur plusieurs départements dont le Lot. Ces réseaux portent le nom de BUCK dont le patron est le colonel Maurice Buckmaster pour la France.
Il organise le S. O. E. (Special Opération Executive).
Le S. O. E. est une initiative de Winston Churchill. Il avait dit : « je veux mettre le feu à l’Europe.»
Qu’était le S O E, en 1943 / 1945 ? Une organisation qui recrute des agents, en général officiers tous volontaires qui connaissaient le français et en principe les traditions françaises. Presque tous avaient vécu un certain temps en France, certains avaient des parents français. Après un examen très sévère sur leurs capacités, leur motivation et une période d’entraînement très rigoureux, ils étaient parachutés en France en ce qui nous concerne, mais aussi dans toute l’Europe.
Ils prenaient contact avec la Résistance ; ils arrivaient avec leur matériel radio, des spécialistes, des agents de renseignements et des instructeurs au maniement des armes et des explosifs pour les sabotages.
D’autre part, le Général de Gaulle a institué le B. C. R. A. (Bureau Central de Renseignement et d’Action), dirigé par le Colonel de Wavrin, nom de code : Colonel PASSY.
De cette organisation dépend le C. O. P. A. (Centre Opérationnel de Parachutage et d’Atterrissage).
Celui-ci a très peu de moyens financiers. Il faut demander des avions aux Anglais et leur acheter les armes.
En général, il manque des avions pour les parachutages car ils sont réservés pour les bombardements sur l’Allemagne. Cinq seulement sont disponibles au début 1943. On en comptera 27 au début de 1944.
Pour armer 1000 Résistants, il fallait en moyenne 25 sorties d’un bombardier HUDSON avion bimoteur. Ce fut ensuite des HALIFAX, et, plus tard, des Douglas DAKOTA qui pouvaient transporter de 2 à 3 tonnes.
En février 1944, la Yougoslavie reçût 1500 tonnes d’armes et la France seulement 700. Une raison à cela était qu’une partie du Gouvernement Britannique envisageait d’établir en France, une administration Anglaise à la libération.
Après l’intervention d’Emmanuel d’Astier de Vigerie auprès de
W. Churchill, celui-ci demanda des avions pour ravitailler la Résistance Française et grâce également à l’influence du général Eisenhower, il avait été largué 139 tonnes d’armes au cours du dernier trimestre 1943.
La R. A. F. parachuta 938 tonnes pendant le premier trimestre 1944 et, avec l’aide des Américains 2689 tonnes le furent par la suite.
Les parachutages sont parmi les actions les plus importantes auxquelles participèrent les Résistants :
pour le but essentiel d’armer les maquis.
par la complicité et l’aide de la population, surtout paysanne en ce qui concerne la récupération des containers, bien souvent leurs caches et surtout leur silence.
par les relations avec les Alliés qui légitimèrent la Résistance.
L’Organisation d’un Parachutage.
L’agent britannique qui est en France, arrivé avec son matériel radio communique avec Londres et le réseau Buck.
Le terrain a été repéré par l’organisation de Résistance Française et soumis à l’officier de liaison Britannique.
Le radio signale les coordonnées topographiques à Londres.
Les parachutages ont lieu de nuit pendant les périodes de pleine lune.
Il est convenu des messages personnels tels que celui-ci :
« Les enfants de Denise sont sages. »
La B. B. C. (British Broadcasting Corporation) dans son émission:
« Les Français parlent aux Français », diffuse ces messages.
Les émissions ont lieu à 12 heures, 19h, 20h.
Pour que le parachutage ait lieu, il faut que le message soit répété trois fois dans la journée.
Les avions partent généralement de Tempsfort (sud de Londres)
Sans radio, ils n’ont aucun contact avec le sol, surtout pour ne pas être repérés par les Nazis. L’avion survole en partie le sol français puis suis la cote atlantique. Après avoir repéré le 3ème cours d’eau, la Sèvres Niortaise, la Loire, la Dordogne, il oblique vers l’est en suivant la Dordogne jusqu'à leur point de repère et le contant avec la résistance pour effectuer le parachutage.
Sur le terrain, dès que le bruit de l’avion est perçu, on allume trois feux en triangle qui indique la direction du vent. Nous, nous étions équipés de 3 ou 4 phares d’automobiles alimentés par des batteries, ce qui permettait d’être plus rapides et en espérant que c’était bien l’avion attendu.
Celui-ci passait une première fois, faisait un tour.
Après avoir reconnu les lettres conventionnelles faites en morse par un agent au sol au moyen d’une lampe torche, l’avion repassait, les trappes s’ouvraient.
(On pouvait voir la lumière dans l’avion).
Après trois ou quatre balancements, le parachute et son container touchaient terre, l’avion étant à 3 ou 400 mètres d’altitude, soit environ 1000 pieds.
Dans notre région, le premier parachutage eut lieu en septembre 1943, sur le plateau de Laborderie (Altillac) pour lequel le message personnel était :
« Le savetier est plus heureux que le financier »
Pour notre groupe de Saint Céré, il fallut attendre le 30 novembre 1943.
Ce parachutage eut lieu aux « Luzettes » à 5 kilomètres de Souceyrac, à l’endroit même ou TIMO, Henri Mompeyssin, avait organisé le premier maquis du Lot, début mars 1943. Au mois de juillet nous y étions une trentaine de maquisards, d’où la nécessité de former un autre maquis près du moulin de Couzi, le Cassan et plus tard une troisième au Cahuzac, route de Latouille à Latronquière, en face Malpuech. Ce maquis a été attaqué par les G M R
(Groupe Mobile de Réserve) début décembre 1943.
Le parachutage avait été organisé par le C. O. P. A. avec Emilien Imbert et Jean Thévenot de Cahors qui représentaient les M U R (Mouvements Unis de la Résistance).
En ce qui concerne Emilien IMBERT, le lendemain matin, la Gestapo était chez lui pour l’interroger. Il comprend ce qui se passe, arrive à sortir de la pièce mais en sortant de chez lui il est aussitôt abattu par une sentinelle.
Ce parachutage qui comprenait 17 containers ne fût acheminé vers
St Céré que dans la nuit suivante et entreposé dans une grange à Béoune (niveau actuel du giratoire). Le lendemain, il fut déplacé dans une cabane de vigne aux Cartoules où il fut fait l’inventaire et la répartition au maquis et au groupe de Saint Céré.
Dans ces containers se trouvaient des armes, des munitions, des mitraillettes Stern, des revolvers, des fusils, du matériel pour les sabotages, ainsi que des couvertures, deux toiles de tente.
Les parachutes servirent à faire des sacs de couchage au maquis et les cordons servirent à ficeler les fagots de genêts ou de fougères destinés à apporter un peu plus de confort au couchage ou à couvrir les abris de fortune.
Le 7 janvier, sur le terrain Bouleau à Carennac, furent parachutés deux Anglais, le capitaine Georges HILLER alias Max et son radio Cyril Wattney alias Michel ce qu’on a appelé la Mission Anglaise.
Le message d’annonce avait été : « La jument verte a mangé la grenouille »
Entre temps été parvenu en Lot et Garonne, le colonel VINCENT, alias Vény. Recherché par la gestapo dans la région de Nice, il avait du fuir.
Dans le Lot, il prit des contacts avec Raymond PICARD et avec les amis de la Corrèze, par l’intermédiaire de Jean VERLHAC des Quatre Routes ; ce qui facilita les rapports avec les Britanniques avec qui il était déjà en relation.
HILLER et WATNEY donnèrent un élan à la Résistance et de ce fait, favorisèrent la multiplication des parachutages.
Dans le Lot, il avait été déterminé quinze terrains de parachutages homologués. Les indicatifs étaient des noms d’arbres :
Prunier à la Maresque, Pommier à Sarrouil, Bouleau à Carennac, Saule à Cahus à l’exception de Chénier à Sousceyrac qui dépendait directement de la région R4, (terrain très spécial que j’évoquerai plus loin).
Le 8 mars sur le terrain Pommier à la suite du message personnel :
« Trois bayadères arriveront ce soir » furent parachutés 4 officiers
Richard PINDER, Gaston COLLINS, Edouard et Maurice MAYER.
Ils furent cachés à Saint Céré chez Charles Gambade pendant près d’un mois, en attendant leur affectation.
Gaston COLLINS, parachuté pour la deuxième fois en France, partit pour Marseille rejoindre Gaston DEFFERE ; il participa ensuite à la libération de marseille.
Edouard MAYER rejoint les maquis de la Creuse et Maurice MAYER, les Hautes Pyrénées.
Richard PINDER, resta dans le secteur du Lot en particulier, mais aussi dans une partie de l’Aveyron et du Tarn et Garonne pour instruire les maquis au maniement des armes et des explosifs.
Il fut pris par les allemands lors de la rafle de Figeac le 12 mai 1944 et fut déporté en Tchécoslovaquie.
Par la suite, nous eûmes en avril un parachutage d’armes et matériel en provenance d’Alger, sur le terrain Pommier, route de Loubressac à Sarrouil.
Pour celui-ci, après l’avoir attendu toute la nuit, l’avion ne se présente qu’à 5 heures le matin,
Après les signaux d’usage et après son tour de repérage, il passe à 3 ou 400 mètres d’altitude mais largue les containers 2 ou 300 mètres plus loin.
Ces derniers sont en carton ou contreplaqué et certains s’ouvrent avant de toucher le sol, les armes sont éparpillées, des fusils et des mitraillettes sont tordus.
Les parachutes rouges, verts ou jaunes, couvrent les arbres ; il faut vite les décrocher ; fort heureusement les arbres ne sont pas trop hauts.
Presque au même moment, l’avion de surveillance allemand, le mouchard, un Pfister Storch, nous survole ; C’est presque un début de panique.
Vers les 7 heures, tout est chargé ; 2 éclaireurs passent d’abord, pour contrôler le passage sur la route de Gramat/ St Céré et permettre le transport vers Frouges où le parachutage sera entreposé dans une grange. Chacun est inquiet d’avoir vu le passage du mouchard et pense aux risques de représailles.
Quelques jours plus tard un autre parachutage est annoncé sur le même terrain. Avec Gabriel Frégeac, nous allons récupérer un camion Chevrolet à gazogène garé à la Levade, de Belmont. En descendant la cote de la Croix Blanche, nous croisons une colonne d’une dizaine de camions allemands et nous nous rendons sur le terrain où nous passons la nuit ayant seulement entendu un bruit de moteur d’avion assez éloigné mais qui ne nous a pas rendu visite.
Dans la matinée, il nous a été demandé d’aller récupérer ce parachutage à coté d’ Espédaillac.
Au retour, vers les 13 heures, le camion gazo ne peut pas monter la cote dans Gramat. (C’est un camion en plateau, les containers ne sont pas couverts). Frégeac va chercher de l’essence chez Pierre Larnaudie, entreprise Larnaudie/Souladié et grimpe sur l’aile pour vider l’essence à petit filet dans l’aspiration du moteur.
Nous réussissons à redémarrer mais 500 mètres après Gramat, il faut remettre en ordre le gazogène et nous arrivons vers les 16 heures au lieu indiqué sur la petite route entre Mayrinhac et Padirac pour décharger le contenu lequel était en partie, du matériel pour réaliser des explosifs.
Il y eut bien d’autres péripéties.....
Toujours au mois de mai, je vais en voiture récupérer deux agents S. O. E. parachutés à Livernon : Micheline et Dick que je conduis à Saint Denis près Martel afin qu’ils puissent prendre le train pour Limoges.
J’ai pris au passage à Saint Céré, pour les accompagner à Limoges, Lilou Frégeac ainsi que les 2 valises de postes émetteurs dont j’avais la garde. Les Allemands font des contrôles sur le quai de la gare.
Les 3 hommes descendent à contre voies et se faufilent fort heureusement à travers les trains en stationnement.
Un peu plus tard nous attendons un parachutage à La Gineste.
Au moment, de recevoir ce parachutage, un incident survient. Les FTPF arrivent et veulent nous voler le matériel. Il s’en faut de peu que survienne un affrontement. Richard Pinder, l’arme au poing, se précipite sur le chef F T P F. Tout rentre dans l’ordre.
Un autre parachutage avait été prévu à Cahus pour le groupe de Bretenoux. Le pilote, trompé par les lumières de l’usine de Laval de Cère, va larguer son chargement dans la région d’Argentat.
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Michel accompagné d’un résistant sort souvent avec ses valises radio.
Jean Marie Gineste de Prudhomat (alias Zig-Zag) le remplace souvent à l’écoute, aux heures convenues.
Michel, bien souvent se trouve en pleine campagne sans électricité. Il faut alors mettre en marche la dynamo montée sur un cadre de vélo et pédaler pour obtenir le courant. La nécessité de se déplacer est indispensable à cause des allemands qui patrouillent jours et nuits avec une voiture de repérage des émissions ou réceptions de radio.
Ce n’est que vers la fin 1943, vu l’importance des bombardements qui, bien souvent ne touchaient pas leurs cibles, que les Anglais acceptèrent d’armer et de fournir des explosifs destinés à organiser les sabotages des usines travaillant pour l’Allemagne.
C’est ainsi que put être fait le sabotage des usines Ratier, le 16 janvier 1944, à Figeac, confié à un groupe de Saint Céré, dirigé par TIMO, avec
.André Saint Chamant, Léo Mandeix, Lucien Laurent, Roger Olrich, (alias Cornélius).
Le 14 juin 1944, Michel, le radio reçoit une information codée.
Il s’agit en effet de préparer deux opérations :
- La première correspond à un parachutage de troupes aéroportées,
- La deuxième, à la suite de la première, le largage de matériels lourds.
Deux sites sont choisis, ce sont : Bouleau, pour les troupes aéroportées, et prunier pour le matériel.
L’ouverture d’une tête de pont sur la dorsale ouest du Massif Central, pouvait s’imaginer en fonction d’une évolution ralentie du débarquement en Normandie. En effet, la deuxième armée anglaise est stoppée devant Caen et les Américains sont retardés devant Cherbourg.
Tout était minutieusement préparé par l’ Etat Major départemental AS. VENY.
Le 5 juillet, tout est suspendu.
C’est par une note C570 que l’Etat Major Allié décide alors de renforcer en armement, munitions, explosifs et moyens radio, les organismes de résistance flanquant l’ouest du massif central, le Lot, la Corrèze, le Cantal.
Le terrain du Moustoulat au nord de Monceau en Corrèze, Pleaux dans le Cantal, et le terrain Prunier à Loubressac dans le Lot, sont retenus.
D’autre part, le 4 juillet, au cours d’une réunion préliminaire au PC VENY, au presbytère de Magnague, les responsabilités on été précisées :
- Les moyens de protection sont placés sous la responsabilité du Colonel COLLIGNON,
- La responsabilité de la logistique de l’opération est confiée au Capitaine Michel WATNEY (Cyril dans le civil), ainsi que la liaison avec la formation aérienne.
Le 12 juillet, tous les hommes sont en alerte. 1500 hommes assureront la protection du terrain. Ceux-ci se déploieront de Carennac à Aynac, d’un côté, et de Vayrac à Sousceyrac, de l’autre ainsi que sur tous les points stratégiques, ponts et croisements.
Le 13 juillet, dans le flot des messages codés, Michel assisté de Zigzag enregistre et reçoit :
« Le message suivant a une urgence extrême pour Maxime : soyez prêts demain vendredi dans la journée, attendez 430 containers à 5 heures GMT »
Puis le soir, la BBC confirme:
« L’éléphant du Jardin des plantes s’appelle Charles »
Il y avait d’abord eu dans la journée 2 fois ce même message sans le prénom. Ce prénom dont les sept lettres correspondaient chacune à 30 minutes, soit : 3h 30, ce qui donnait l’arrivée pour 8 h 30, le jour du 14 juillet 1944.
Pendant la nuit, tout le monde est en effervescence. A 6 heures le matin tout est en place. Soudain, apparaît le mouchard allemand. Comme tous les matins, il a l’air bien renseigné. Camouflage obligé.
Michel est au château de Loubressac ou il a passé la nuit avec Max ; il attend de rentrer en contact avec la mission
- 8 h 30 ça y est ! A 10 minutes de l’objectif, l’ordre est donné par radio :
- « Faîtes de la fumée, le contact phonie est établi, la lettre d’indentification est reconnue ! »
Un bruit, d’abord lointain se rapproche et soudain on voit apparaître toute l’armada dans un bruit assourdissant : 75 forteresses volantes, des B17, des B22, des avions à 4 moteurs, se présentent à 1000 mètres, entourés par 200 chasseurs Mustang qui virevoltent dans le ciel totalement bleu.
35 gros porteurs se détachent sur le site, font un tour et reviennent larguant 462 containers suspendus à plus de 1000 parachutes dont la plupart sont bleus, blancs ou rouges. Julien Laplaze de la Maresque réussira dans la nuit précédente à rassembler 48 attelages de chars à bœufs pour effectuer le ramassage des containers.
Que d’émotions ! Que de joies ! Mais aussi que de craintes devant les risques ! Enfin à 17 heures, les derniers containers sont rassemblés malgré, parfois, les difficultés d’accès ; Il a fallu plus d’une vingtaine de camions pour évacuer le tout.
Ce parachutage a été effectué par le 447th, Bomb Group américain.
La chasse aux parachutes a doté les plus chanceux, heureux de rapporter à la maison des toiles extrêmement fines que nous ne connaissions pas et qui ont servies par la suite à la confection de chemisiers, très appréciés par la famille ou les amies. Quelques jours après avoir fait l’inventaire, il convient de distribuer ce qui reste.
C’est en allant porter des explosifs à Lacave que 6 camarades tombant sur une colonne allemande et après un combat acharné, trouvèrent la mort à Saint Sozy. Leurs corps furent retrouvés à demi brûlés.
Pendant que les Allemands restèrent à Saint Sozy, il fût interdit de les toucher ; ce n’est qu’un jour et demi après, que les habitants purent les ensevelir. Nous avons ramené leurs corps le 15 août suivant après les avoir mis dans des cercueils.
Notre peine a été grande et nous commémorons leur mort chaque année à Saint Sozy, le 22 juillet.
Au cours de cette période, notre état d’esprit se résumait par la peur pour les premiers temps du maquis ; vinrent la joie et l’espoir lors des parachutages, remplacés ensuite par l’angoisse des transports d’armes et de munitions.
Le 10 décembre 1944, le Colonel BUCKMASTER et son Etat major sont venus à Saint Céré pour féliciter le groupe AS Vény ; Nous les avons reçus à l’Hôtel de Paris.
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Nous avons fêté le 60ème anniversaire de ce parachutage, le 17 juillet 2004 avec la participation
de Codman MURRAY, venu spécialement de Californie, mitrailleur, (gunner) sur avion B17 lors de ce parachutage, (lien)
de Gaston COLLINS,
de Michel Wattney
de Madame HILLER, veuve de Georges HILLER,
de Madame Caroline CRACRAFT, Vice consul Britannique à Chicago, fille de Richard PINDER
du Sous-préfet de Figeac, d’un détachement militaire, et du club de parachutistes de Cahors.
Le TERRAIN DE PARACHUTAGES CHENIER
Ce terrain est situé à mi-chemin de Sousceyrac (lot) et de Saint Saury (Cantal) à 700 mètres de la LABASTIDE du HAUT MONT, point culminant du Lot, à 780 mètres d’ altitude.
Henri MOMPEYSSIN, alias TIMO, sergent au 4ème Zouave, fait prisonnier en juin 1940, s’évade de Hambourg en juillet 1942.
En septembre, il intègre le 126ème régiment d’infanterie à Brive et prend contact avec l’A S - M U R. (Mouvements Unis de la Résistance).
Après la dissolution de l’armée en novembre 42, il fonde début mars 1943 le premier maquis du Lot à 500 mètres de ce terrain de parachutage.
Les premiers parachutages commencèrent en septembre 43.
Pour le maquis TIMO et le groupe franc A S de Saint Céré, le parachutage du 29 novembre 1943 apporta 17 containers d’armes et munitions.
Fin novembre, par suite d’une épidémie de grippe, le maquis se replie sur Herbouze, près Sousceyrac, dans une maison abandonnée où il était plus à l’abri des intempéries. En janvier 44, les Allemands patrouillent à Sousceyrac ; le maquis passe à l’A. S. à Camps. TIMO rentre au réseau GALIA.
La France est divisée en 12 régions qui correspondent généralement aux régions militaires. La zone libre est divisée en 6 régions. Midi-Pyrénées et une partie du sud de la France représente la région R4.
Dès Août 1943, les délégués départementaux de la S A P (Section Atterrissage Parachutages), ont aussi des prospecteurs ; ils recherchent des lieux pouvant devenir des terrains de parachutages aux normes du S A P, pour la région R4. Ils ont aussi pour mission de trouver à proximité, des caches pour les armes et des asiles pour les agents parachutés et également d’organiser les équipes de réception.
Les terrains doivent avoir une surface minimum de 600 M2 avoir des alentours dégagés, être desservis par une route ou un chemin pour évacuer le matériel.
Les terrains repérés sont classés dans l’une des trois catégories suivantes :
les terrains ARMA ne peuvent recevoir que des matériels
les terrains HOMO reçoivent exclusivement des agents parachutés,
les terrains ARMA DEPÔT HOMO en janvier 1944 sont équipés :
- d’un appareil radio guidage appelé EUREKA sur le terrain et REBECCA sur l’avion, ce qui permet de prendre en charge et de guider tous les avions égarés qui s’y accrochent sur 25 Kms de distance et 1500 mètres d’altitude,
- d’un appareil S-PHONE qui permet le dialogue avec le pilote à kilomètres du terrain.
Pour cela, il a fallu installer une ligne électrique enterrée pour être camouflée, avec la grande difficulté de trouver le matériel nécessaire pour sa réalisation, ainsi qu’une sape qui permettait de dissimuler les postes radio et
5 hommes, complètement invisibles de jour.
Ce terrain CHENIER est homologué dans cette dernière catégorie, avec indicatif :
« De Pierre à Marguerite les enfants de Denise sont sages ».
En janvier 1944, Bernard COURNIL du Rouget (Cantal) prend en charge la responsabilité de ce terrain pour les régions militaires R4 (Toulouse), R6 (Clermont Ferrand), et une partie de la R5 (Limoges).
De septembre 1943 à Août 1944, s’y déroulèrent 80 parachutages d’armes. 90 agents vinrent du ciel. A partir de mai 1944, les parachutages continuèrent de jour comme de nuit, avec ou sans message.
Dans la nuit du 8 juin 1944, transporté de Blida, Algérie par avion Halifax, arrive la première mission JEDBURGH, opération quinine, composée :
- du Major MAC PHERSON, Ecossais,
- du lieutenant : Prince Michel de BOURBON PARME,
- du sergent Anglais O. A. BROWN, radio.
Le 8 juin 1944 sont aussi parachutés 15 Américains pour l’opération Emily.
Il s’agissait du Groupe Opérationnel : O S S (Office Stratégique Services).
Ils sont en uniforme de l’Armée Américaine et ont pour mission de mettre hors d’usage les lignes de chemin de fer Toulouse/ Limoges.
Une anecdote : Le major Macpherson est en kilt ce qui fait s’écrier les réceptionnaires : « Ho La La ! Une ‘gonzesse’ descend du ciel. »
Au début du mois d’Août, une autre mission Américaine de 18 hommes est parachutée sur ce même terrain. Ceux-ci partirent en direction du sud est de la France. Les armes parachutées ont été distribuées dans tous les départements du sud ouest, du Centre et du Sud de la France.
C’est en allant récupérer un parachutage à Chenier que le capitaine PELISSIER, le lieutenant CRESSOT et le maquisard RECORD venus du Tarn tombèrent sur une colonne motorisée nazie et furent fusillés le 8 juin 1944 à Saint Céré. (Stèle de l’hôpital)
Trois Cadurciens allant à Chénier ce même jour sont fusillés également à Saint Céré. Ce sont Jacques POLI, Jean ROTTENBOURG. Raymond FONCHASTAGNER, (stèle du Pont Neuf).
Dans ce même temps, Louis CROS de Saint Céré et plusieurs maquisards avec 2 camionnettes d’armes, venant de Chénier et allant à Camps au maquis AS, aperçurent à 100 mètres de Laroquebrou une colonne allemande qui traversait la ville. Ils eurent le temps de cacher les véhicules et de se mettre à l’abri.
Pensant que ce terrain Chenier pouvait être attaqué par les allemands, les parachutages furent transférés à Vabre dans le Tarn au terrain « Virgule ».
Finalement, c’est le terrain Virgule qui fût attaqué et Chenier continua les opérations de parachutage.
Le 16 avril 2006, soixante deux ans après, en souvenir de ces parachutages, un monument a été inauguré aux limites du Cantal et du Lot sur la RD 20, lors d’une journée organisée par l’Amicale des Maquis et Cadets de la Résistance du Cantal, dont le Président est Paul ESBRAT, Conseiller Général Honoraire.
Cette journée se déroula en présence des autorités Civiles et Militaires, du Major MAC PHERSON, avec la participation d’un détachement du 92ème R I de Clermont -Ferrand et sa musique. 400 personnes étaient présentes.
Un repas de 300 convives clôtura cette manifestation.