A Thiviers le 28 août 1977, il y a 40 ans ce mois-ci, plus d'un millier personnes ont participé à la cérémonie de l'inauguration du Mémorial de la Brigade Rac, élevé à la mémoire de ses 252 camarades.
Le monument se trouve en bordure de la RN21 et du Parc Theulier au rond-point Saint Roche.
(Photo Jacky Léonard, photographe de Thiviers) |
Rassemblés place de la Libération, les participants à cette journée, formant un défilé impressionant, se sont rendus dans la cour de la gare pour déposer plusieurs gerbes devant la stèle des fusillés, puis au monument aux morts, Place de Marché. Dans les deux cas une minute de silence fut observée.
Puis le cortège prit la direction du mémorial drapé dans un immense drapeau tricolore et que dévoiler le colonel Rac et Mme Charlotte Serre. Dans ce solide rocher de granit est gravée une haute croix de Lorraine, symbole de la Résistance.
C'est là que devaient être prononcées les allocutions.
Article du Sud-Ouest de lundi 29 août 1977 :
Discours de Rodolphe Cézard :
Aujourd’hui, les mots ont repris toute leur signification, tout leur sens. Certains ont dit, d’autres diront peut‑être encore, qu’il est bien tard, trop tard, pour honorer ces volontaires qui ont été jusqu’au sacrifice suprême.
Nous n’avons cessé de le faire, moins bien peut‑être que souhaité, mieux probablement que beaucoup ne le feront jamais.
Et puis, est‑il besoin d’expliquer ? C’est si simple.
Nous les connaissions, ils étaient nos amis, nous les aimions. Nous leur avons élevé ce Mémorial qui marquera pour la postérité notre fidélité à l’esprit de la Résistance.
Vous avez eu l’extraordinaire chance d’échapper aux pièges, aux tromperies, aux trahisons, aux attaques sournoises de l’ennemi ; alors il n’est qu’une voie bien tracée : faire solennellement le serment de rester unis et de défendre, comme nous l’avons fait il y a plus de trente ans, la pierre et les idées, car il est juste d’affirmer que les vraies amitiés se nouent sur les bancs de l’école ou au combat.
Que ceux qui ont espéré notre naufrage, qui ont eu peur de nous épauler, qui plus tard se sont faits les artisans maladroits de la critique, méditent aujourd’hui notre comportement.Nous avons donné l’exemple, nous sommes prêts à continuer avec le même enthousiasme, la même flamme.
Nous ne voulons pas de déchirements, de revanches, de rancunes qu’emporteraient les mauvais vents. La réussite de cette journée, nous la devons à l’ardente foi, à la légendaire ténacité, à l’exemplaire courage de notre ami Jean Nicard, capitaine Tom. Merci, toi mon frère, d’avoir su mener à bien cette grande tâche.
Mais ce 28 août nous le dédions à deux de nos plus chers compagnons : Charles Serre et Georges Lautrette.Nous admirons ce qu’il y avait de beau et de grand en eux. Qu’ils nous pardonnent, ainsi que tous nos morts, de n’avoir pas toujours fait tout ce que nous aurions du faire, car on n’accomplit jamais plus que son devoir.
Ce sont ces sentiments profonds capables d’effacer toutes les divergences, qui ont fait la Résistance ; c’est avec eux que l’on écrit l’Histoire. Nous ne tirons aucune vanité de l’action que nous avons menée, nous n’en voulons aucune récompense.
La victoire a été chèrement acquise dans la grande bataille de tous les temps ; c’est pourquoi nous te demandons, passant, voyageur, de tourner ton regard vers cette croix qui te rappellera que le chemin de la Liberté a été long et dur.
Rodolphe Cézard dit Rac prononçant son discours |
Nous nous inclinons devant les familles de nos chers disparus, et nous saluons respectueusement Madame Charles Serre et Madame Nicolas, fille de Georges Lautrette. Qu’elles veuillent bien accepter l’hommage de tous leurs amis. Que tous ceux qui ont œuvré pour l’édification de ce Mémorial soient remerciés :
- la Ville de Thiviers, son maire et son conseil municipal,
- les administrations,
- le 5ième Régiment de chasseurs,
- le clergé,
- les entreprises : Granitières du Périgord, Fonderie de Riiclle, Papeteries de Guyenne, Etablissements Vialle et Doumen,
- les services de sécurité, police et gendarmerie,
- le personnel municipal,
- les municipalités et les amis qui ont apporté leur aide généreuse,
- L’O.R.T.F., la presse écrite et parlée,
- notre maquettiste,
et les volontaires qui ne se font jamais remarquer que par leur modestie, et que nous aimons particulièrement.
Je n’oublierai pas les personnalités civiles et militaires qui ont bien voulu se joindre à nous en cette journée mémorable. Je n’oublierai certes pas nos amis alsaciens et lorrains et nos camarades qui n’ont pas hésité à effectuer de longs déplacements.
Nous associerons à notre hommage nos vaillants aînés de 14‑18 et nos cadets qui ont combattu outre‑mer. Vous me permettrez aussi d’adresser un mot de reconnaissance à l’équipe qui a écrit l’ouvrage « La brigade Rac », pour lequel la souscription est ouverte.
Souhaitons qu’à proximité de cette croix de Lorraine, Thiviers vive dans la quiétude et la sérénité d’une France toujours libre et indépendante.
Article de Le Populaire du Centre de lundi 29 août 1977 :
Photos du Mémorial prises en 2016 :