Rédigé par Guilhem de MAURAIGE, fils de Jean-Christophe de MAURAIGE
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Jean-Christophe de Mauraige, dit Kizoff, agent de liaison de l’Armée Secrète (A.S.) de Dordogne, à Sainte-Marie-de-Chignac (1943-45), citoyen français et sujet britannique.
Jean-Christophe, Fernand de Mauraige, est né en 1928, à Cambrai (59). Enfant de Charles, Christophe, Joseph de Mauraige (Maubeuge 1890 - Maisons 1974), citoyen français et sujet britannique (naturalisé en 1912 - Canada), ancien combattant 1914-18, vétéran de la Bataille de Verdun, médaillé militaire, et de Elisabeth, Marthe, Marie Deligne (Cambrai 1904 - Lille 1992).
De 1929 à 1935, il habite au château de Nodris, à Vertheuil-en-Médoc (33), propriété familiale. Après la vente du château, il réside de 1935 à 1940 dans le Nord-Pas-de-Calais (Cambrai), en Belgique (Coxyde, Péruwelz) et en Normandie (Villerville, Trouville-sur-Mer).
Après l’invasion allemande, au mois de juin 1940, la famille de Mauraige décide de partir s’installer au Canada, via l’Espagne. Ils sont refoulés à la frontière espagnole. Sur l’incitation de Vincent Province (Maire de Sainte-Marie-de-Chignac de novembre 1944 à mai 1953, futur Président du Comité cantonal de Libération en 1945), un ami très proche (connu au Canada) de Charles de Mauraige, la famille est hébergée un mois à Sainte-Marie-de-Chignac, chez les Province, près de Périgueux en Dordogne.
Les de Mauraige habitent ensuite cinq mois dans le même village, dans une bergerie aménagée, propriété d'un ancien Directeur des Postes à la retraite. Cette bergerie abrite aussi des alsaciens et des polonais réfugiés. Ils prennent ensuite en location, de 1940 à 1945, un petit château, à Boulazac (24).
En août 1941, Charles de Mauraige prend la carte de Membre actif de l’Amicale d’Entraide des Réfugiés de la Zone Interdite, dont le siège est à Périgueux en Dordogne. De septembre 1941 à juillet 1942, Jean-Christophe de Mauraige est envoyé à la montagne, en Haute-Savoie, au Grand Bornand, prés d’Annecy (zone occupée militairement par les troupes italiennes) pour soigner une maladie parathyfoïde.
Du 13 juillet 1942 au 10 juin 1943, il est écolier au College Saint-Joseph de Périgueux. En 1943, après l’invasion de la Zone Libre par les Allemands, Jean-Christophe (âgé de 15 ans) prend le maquis avec des membres de la famille Province, dont les deux fils de Vincent Province : Henri et Alain (co-fondateur du maquis des Francs-tireurs et Partisans Français Gardette (F-T.P.F.) à Sainte-Marie-de-Chignac en novembre 1943).
Il devient agent de liaison autant pour l'A.S. de Dordogne que pour le F-T.P.F. Son père, Charles de Mauraige, cachera volontairement à ses enfants qu'ils étaient tous sujets britanniques en plus de français et ce, pour les protéger des réactions allemandes. En juillet 1942, dans le secteur de Périgueux, durant deux jours (13-14 ou 14-15 juillet), il accompagne comme guide et couverture un agent de la Résistance, de passage, du nom de Michel, pour les contacts que celui-ci avait pour mission d’établir. En octobre ou novembre 1942 (dates exactes oubliées), dans le secteur de Périgueux, durant dix jours environ, il participe, à titre gratuit, au séjour clandestin et au convoyage de trois lorrains, nommés Gaspard (voir ci-dessous), Greenen et Melchior, originaires de Russange (Moselle), qui avaient déserté l’Armée allemande et rejoignaient les Forces Françaises Libres (F.F.L.). Il les accompagne dans plusieurs de leurs déplacements.
Du 10 au 25 mai 1943, dans le secteur de Périgueux, ayant pu s'emparer d'un émetteur radio de ballon-sonde allemand, il le cache puis, sur instructions, le transporte en divers endroits, pour le remettre finalement à un capitaine de Vaisseau (l'abbé Bouillon), qui fait partie de l'A.S., pour étude de l'engin et suites à donner. A partir du 10 juin 1944 (jusqu’au 31 août 1944), pour échapper aux Allemands qui avaient failli l'arrêter deux fois, il se réfugie, en tant que stagiaire agricole (emploi de couverture), chez Mr. Bertin Maleyre, cultivateur à la Bourgearie, à Sainte-Marie-de-Chignac.
Du 10 au 25 mai 1943, dans le secteur de Périgueux, ayant pu s'emparer d'un émetteur radio de ballon-sonde allemand, il le cache puis, sur instructions, le transporte en divers endroits, pour le remettre finalement à un capitaine de Vaisseau (l'abbé Bouillon), qui fait partie de l'A.S., pour étude de l'engin et suites à donner. A partir du 10 juin 1944 (jusqu’au 31 août 1944), pour échapper aux Allemands qui avaient failli l'arrêter deux fois, il se réfugie, en tant que stagiaire agricole (emploi de couverture), chez Mr. Bertin Maleyre, cultivateur à la Bourgearie, à Sainte-Marie-de-Chignac.
Du 15 juin 1943, jusqu'à fin août 1944 (et plus intensément à partir du 6 juin 1944), il accomplit diverses missions de liaison (autant pour l'A.S. que pour les F-T.P.F.), de transports de messages et instructions, de fournitures de renseignements. Il fait du camouflage et du transport d’armes et autres matériels de guerre. Il participe à des actions de garde, de surveillance, de déplacements, d'établissements de barrages, notamment lors du passage dans la région d'une division blindée allemande (2e Panzer Division waffen S.S. Das Reich ?) vers le 7 juin 1944 (sauf erreur sur la date).
Fin juillet 1944, durant un de ses déplacements, se trouvant pris dans un contrôle routier allemand établi entre Niversac et Saint-Laurent-sur-Manoire (24), il s'échappe, est poursuivi, et n’a évité que par chance l’arrestation et la fusillade.
En août 1944, il prend part à la libération de Périgueux au sein des forces de Résistances locales. Il apprend la mort le 17 août 1944 de Pierre Fructus, un de ses proches amis résistants comme lui dans l’A.S. Ce dernier fait partie des 45 périgourdins tombés sous les balles nazies entre le 12 et le 17 août 1944. Ces derniers étaient emprisonnés dans les geôles du quartier Daumesnil à Périgueux. La garnison allemande, après les avoir atrocement torturés, les exécute avant de quitter la ville. Une stèle, au Mur des fusillés, Quartier St Georges, à Périgueux, commémore cette évènement tragique.
D'août à avril 1945, Jean-Christophe de Mauraige participe, dans le cadre des Équipes d'Urgence de la Croix-Rouge Française de Périgueux, à plusieurs actions humanitaires, dont l'évacuation et l'accueil des habitants des Îles de Ré et d'Oléron en août et septembre 1944.
Il reprend en octobre 1944 ses études interrompues durant plus d'un an pour faits de guerre. Le 26 mai 1945, le Directeur départemental des Prisonnier de Guerre, Déportés et Réfugiés du Cavados, à Caen, autorise Charles de Mauraige et sa famille (réfugiés à Boulazac, Dordogne) à regagner leur département d’avant-guerre. A leur arrivée, un logement devait leur être assuré en la commune de Maisons (14), entre Bayeux et Port-en-Bessin (ils avaient entamé des démarches avant-guerre afin d’acheter un bien immobilier sur la commune).
La Préfecture de Dordogne, leur délivre ainsi le 26 juin 1945 une autorisation de circuler (véhicule à moteur), valable du 1er au 08 juillet de la même année, entre Boulazac et Maisons, pour motif de rapatriement. En juillet 1945, la famille s’installera dans cette commune au Moulin Saint-Benoît/Sainte- Bénédicte, dit Moulin de Brandel, propriété qui leur restera jusqu’en 1978.
En 1947, à Lille, Jean-Christophe de Mauraige est ajourné par le Conseil de révision militaire. En 1948, il est appelé à faire son service militaire (Conseil militaire. Normandie. Département du Calvados. Arrondissement de Bayeux. Canton de Trévières). Du 01 mai 1949 au 26 avril 1950, il part faire son service militaire au 3e Régiment d’Infanterie coloniale à Rueil-Malmaison (92).
Il participe au défilé militaire du 11 novembre 1949 sur les Champs-Elysées, à Paris. Il réside ensuite au Maroc, ou sa famille s’est installée de 1950 à 1956, et travaille à Rabat comme dessinateur publicitaire, dessinateur au Service topographique du Gouvernement - Protectorat (Division conservatrice et foncière. Agriculture et Forêts), et comme vacataire au Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports (Inspection régionale de Rabat) et ce jusqu’à la date du rétablissement du Sultanat le 02 mars 1956 (Indépendance du Maroc. Fin du Protectorat et retour du Sultan Mohammed V).
Du 30 septembre 1952 au 14 octobre 1952 il a été rappelé pour effectuer une période militaire au 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, à Camp-Garnier, Rabat. De 1958 à 1979, il est animateur, directeur de colonies de vacances et instructeur permanent de formation des cadres, en France, pour la Fédération des Colonies de Vacances Familiales (F.C.V.F.), ainsi que, entre autres, pour les Services Sociaux des Ministères de l’Economie et du Budget.
Il est également, de 1964 à 1967, instructeur de loisirs éducatifs (Ministères de la Coopération et des Affaires Etrangères) en Côte-d’Ivoire - Abidjan, et conseiller culturel particulier du Ministre d’Etat gabonais - Libreville.
Fin 1966, il est de retour en France, et occupe de 1966 à 1979, les mêmes fonctions que précédemment au sein de la F.C.V.F. De 1979 à 1993, il est chargé de missions culturelles à la Direction départementale de la Jeunesse et des Sports basée à Nevers (58).
En 1988, la médaille des Palmes Académiques lui est remise pour l’ensemble de sa carrière. Il est marié depuis 1969 à Pascale Chainet - de Mauraige, Maire d'Arquian (58), Conseillère générale du canton de St-Amand-en-Puisaye, Chevalier de la Légion d'Honneur, Chevalier de l’Ordre du Mérite et Officier du Mérite Agricole.
Le nom de code de Jean-Christophe de Mauraige dans la résistance était Kizoff. Ses référents dans la Résistance étaient (dans ses souvenirs) le Chef cantonnal Jean-Pierre (capitaine Pierre Mialhe) et l’abbé Bouillon (capitaine de Vaisseau), professeur dans l’institution Notre-Dame de Périgueux.
Pour ses services de Résistant dans le secteur de Sainte-Marie-de-Chignac, une attestation lui a été délivrée le 08 décembre 1945 par Vincent Province alors Maire de Sainte-Marie-de-Chignac et Président du Comité cantonnal de Libération : Le Maire de Sainte-Marie-de-Chignac, soussigné Vincent Province, certifie que M. de Mauraige Jean-Christophe, afin d’échapper aux rafles effectuées dans la région par les Allemands, s’est placé, en qualité de stagiaire agricole, chez M. Maleyre Bertin, cultivateur domicilié à la Bourgearie, en cette commune, du mois de juin 1943 au mois d’août 1944.
Il a été chargé, après le 06 juin 1944, de plusieurs missions de liaison pour le compte des Forces de la Résistance opérant dans la région et a accompli ces missions à la satisfaction totale des chefs locaux qui l’ont employé. Il est à noter également que la mère de Jean-Christophe de Mauraige, Elisabeth Deligne – de Mauraige, a également fait partie de la Résistance au sein de l’A.S. de Dordogne, elle a ainsi participé à plusieurs coups de mains et à permis de sauver la vie de plusieurs résistants de l’A.S.
La famille de Jean-Christophe de Mauraige, toujours vivant et habitant dans la Nièvre, cherche des personnes qui l’on connu durant la seconde Guerre Mondiale dans l’A.S. de Dordogne. (contact : Guilhem de Mauraige. E-mail : guilhemdemauraige@yahoo.fr)
Sources : - Archives militaires du Château de Vincennes - cote : SHD. 2010. PA. 60-73 (numérisation du Tome IV. Histoire de la Maison de Maurage – de Mauraige, intitulé, Vétéran et Résistant au XXe siècle. Auteur : Guilhem de Mauraige, Archéologue et Historien. Master II d’Histoire. Université de Bretagne Sud. 2010. p.59-107) - Archives familiales : Dossiers Charles et Jean-Christophe de Mauraige.
Promo 1944 - 45 : Collège Saint Joseph de Périgueux |