Rédigé par Alain dans la rubrique Document et livre
Je débarquais à la
gare de Limoges. Ah! ces gares elles étaient nos cauchemars et c’est pourquoi
d’ailleurs durant longtemps ma fausse carte d’identité fut établie au nom d’un
commis ambulant des P.T.T. Je pouvais ainsi gagner la sortie en empruntant le
bureau-gare des P.T.T. et non la sortie habituelle.
Mais, à Limoges, je n’avais pas cette identité et il m’était impossible de gagner la sortie par le bureau-gare des P.T.T. Or, ce jour-là personne ne pouvait quitter la gare sans être fouillé. J’avais sur moi quelques papiers qui ne laissaient aucun doute sur mon activité. En règle générale, je ne transportais jamais rien de compromettant, mon courrier (auxiliaire très précieux et plus souvent une femme, qui assurait les liaisons) en avait la charge.
Mais, à Limoges, je n’avais pas cette identité et il m’était impossible de gagner la sortie par le bureau-gare des P.T.T. Or, ce jour-là personne ne pouvait quitter la gare sans être fouillé. J’avais sur moi quelques papiers qui ne laissaient aucun doute sur mon activité. En règle générale, je ne transportais jamais rien de compromettant, mon courrier (auxiliaire très précieux et plus souvent une femme, qui assurait les liaisons) en avait la charge.
Comment faire?. Il m’était arrive une fois, dans ces circonstances
analogues, d’avoir une idée de génie. Je m’approchais des cerbères,
présentais ma cigarette et leur demandais du feu. Ils allumèrent ma cigarette
et oublièrent de me fouiller. A la gare de Limoges, je n’avais pas la moindre
cigarette sur moi, sans compter d’ailleurs que ce qui a pu réussir une fois
peut échouer la deuxième fois.
Oui, comment faire?.
Perdu pour perdu, j’avisai deux gendarmes. Je leur expliquai en peu de mots que
je faisais partie de la Résistance et qui, si la Gestapo m’arrêtait, j’étais un
homme perdu. Je leur demandai de me mettre les menottes aux mains et de me
faire sortir entre eux deux.L’affaire était
risqué. Les deux gendarmes se regardèrent ; ils n’hésitèrent qu’un instant :
d’accord.
Il faut avoir connu
des secondes de cette densité pour apprécier le prix de la vie. Je sortie entre
mes deux gendarmes. Je n’aurais jamais pu imaginer que l’on put être aussi
heureux menottes aux mains.
Tous les
résistants ont connu des aventures semblables. Hélas! bien souvent, trop
souvent, les aventures tournaient mal et ils sont nombreux trop nombreux, nos
camarades qui furent arrêtés, torturés, fusillés dans les Alpes comme en Limousin,
en Périgord et partout en France.