Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac, Portrait
En 1942, c’est déjà un pépère de trente‑six ans. Il est gendarme à Lanouaille et n’hésite pas à donner son adhésion au groupe Violette où son nom de guerre est « l’Éclair ».
En 1942, c’est déjà un pépère de trente‑six ans. Il est gendarme à Lanouaille et n’hésite pas à donner son adhésion au groupe Violette où son nom de guerre est « l’Éclair ».
Dès
l’apparition des maquis il veille au grain, prévient les chefs de ce qu’il
sait, notamment des mouvements de G.M.R. et de gendarmes. Il donne des conseils
en vue d’éviter toute action prématurée et imprudente. L’anecdote suivante le
dépeint parfaitement (extrait de La brigade Rac) :
Paul Chartrain |
Malgré la
discrétion de l’entrée de Sarlandie, Chartrain qui ne dort que d’un œil l’apostrophe tout bas pour ne pas réveiller sa femme.
- C’est toi la belette ? Il l’appelle ainsi
car Sarlandie n’est ni gras, ni de grand modèle.
‑ Oui, c’est moi ; je viens voir si tu as toujours les
haricots qui ont été planqués dans ton grenier la semaine dernière, j’en ai
besoin pour nos maquisards.
‑ O mon sauveur! Viens que je t’embrasse, tu me sauves la
vie. Figure‑toi que j’entends craquer les poutres du grenier au‑dessus de ma
tête, elles ne sont pas tellement solides et j’ai peur d’être écrasé comme une
limace.
Ces haricots
n’étaient autres que ceux réquisitionnés dans le canton de Lanouaille pour le
ravitaillement général. Ils avaient été chargés sur le tacot de Périgueux et
interceptés par un commando du maquis, puis entreposés dans le grenier de
Chartrain. La cachette était bien choisie, car nul ne devait penser,
évidemment, que le produit d’un vol qualifié commis en réunion sur les grandes
routes était recelé par un représentant de l’ordre. Curieuse époque.
Le 16 février 1944,
Chartrain ne ménage pas sa peine. Réveillé dès l’aurore par le pauvre Garde,
préposé des P.T.T. à Lanouaille, qui a entendu passer les camions de troupes
allemandes et qui a le pressentiment que le moulin du Pont Lasveyras, où est
son fils, va être attaqué, se met en civil et pédale jusqu’au lieu du carnage
auquel il assiste impuissant ; c’est lui qui guide, dans l’après‑midi, la
contre‑attaque de Raoul et de Violette. Le soir il vient relever les victimes.
Au 6 juin 1944,
Chartrain enlève son képi et prend un béret basque ; il ne le quittera qu’après
la victoire pour rentrer dans la gendarmerie. Entre‑temps, il est l’un des
pivots du 3ième Bataillon avec lequel il prend part à tous les combats
de la Libération.
A lire également :
- Les soldats bleus (lien)
Service de santé du 3ième bataillon. De gauche à droite : Chartrain, Lauvray, Bournique, Garrigue, Raber |
Saintes :Défilé du 6 septembre 1944 à Saintes. Violette bien entouré sous l’œil attentif de Chartrain |