Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac, Portrait
Raymond Boucharel est né le 9 mars 1907 à Ayen en Corrèze. De 1939‑1940 il est au 250ième R.I. où Il est proposé au grade de capitaine quand il est fait prisonnier le 27 juin 1940, au col du Donon, dans les Vosges.
Il s’évade le 1 octobre suivant et revient en Dordogne où il reprend sa place dans l’enseignement où il est déclaré « démissionnaire d’office » par le gouvernement de Vichy en 1941. Il est à Périgueux l’un des fondateurs du mouvement Libération. Contacté en février 1942 par le commandant Raynaud, alias Bertrand de Born, chef départemental de l'A.S., il quitte alors Ribérac pour Nontron.
Boucharel, qui
prendra successivement les noms de Bandiat, R. B. 4 ou Rebecca, plus tard Caroline, constitue tout un réseau dans le Nontronnais
et les Charentes. Agent lui‑même des
réseaux Action et Andalousie ainsi que du C. O. P. A., il recherche les
terrains de parachutages, des lieux de refuge et des endroits où placer les
postes émetteurs avec leurs servants.
II est en 1943,
l’un des créateurs du M. U. R. avec son ami Charles Serre : le M. U. R. Dans le Nontronnais, Boucharel crée différents maquis : Saint‑Martin
en avril 1943, Bastia I en novembre 1943, puis Bastia II en mars 1944.
Au débarquement, Nontron va être la première capitale des maquis de la R. 5. , Boucharel en est le chef. Il libère les résistants enfermés à la prison et envoie promener le sous‑préfet de Vichy. Quelques jours après, il s’est tellement surmené au cours des derniers mois que ses nerfs craquent et qu’il faut l’hospitaliser. Heureusement, Rac trouve Dupuy pour le remplacer à la tête du 1er Bataillon de Dordogne‑Nord.
Boucharel et Dupuy
ont été en même temps à l’école de Saint‑Maixent, l’un comme E. O. R. l’autre
comme E. O. A. ; ils se connaissent très bien. Au cours de sa
convalescence, Boucharel participe aux combats de Mareuil, Puy‑de‑Fourches et
Sainte‑Catherine.
En septembre 1943, Charles Serre et
Boucharel (à ce moment, on ne les connaît que sous les pseudonymes de Barreau
et Rébecca) montent ensemble dans le nord du département pour y régler des
questions difficiles de regroupements entre maquis.
Ils sont tous deux
à bicyclette et pénètrent dans un gros bourg. Ce dernier vient d’être occupé
par tout un escadron de G. M. R. Quand ils s’en aperçoivent, il est trop tard
pour battre en retraite.
Heureusement, ils
sont devant l’étude du notaire local, qui est en même temps le maire désigné par
Vichy. Charles Serre a une
idée géniale .Il glisse à l’oreille de Boucharel :
- Laisse‑moi faire. Tu es mon client, venu pour acheter une propriété...
- Laisse‑moi faire. Tu es mon client, venu pour acheter une propriété...
On entre dans le cabinet du notaire.
- Mon cher Confrère, je vous présente M. X... un de mes clients, industriel dans le Midi. Il voudrait acheter une grande propriété dans votre région, car il tient à ravitailler ses ouvriers. Il paierait comptant.
Le notaire marque beaucoup d’intérêt, et la conversation se poursuit.
- Oui, il veut acheter une grande propriété, au moins 100 hectares. Je suis avec lui pour voir si vous n’avez rien à vendre par ici dans ce genre.
Et la conversation
va son train... Rebecca exagère quelque peu (mais pas tellement) son accent, ce
qui lui confère une notoriété parfaite de méridional. Le notaire pense pouvoir
satisfaire cet acheteur ; quelle aubaine pour cette région pauvre.
- Pouvez‑vous, en tant que Maire, nous donner un laisser-passer justifiant de notre déplacement, car les G.M.R. sont là qui contrôlent tout le monde ?.
‑ Mais, avec plaisir.
C’est ainsi qu’Yvette et Rébecca s’en tirèrent
ce jour-là sans être contrôlés et évitèrent une arrestation certaine.