Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac, Hommage et recueillement
C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la disparition de Philippe Tenant de la Tour, alias « Marie-Antoinette », décédé à 99 ans.
C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la disparition de Philippe Tenant de la Tour, alias « Marie-Antoinette », décédé à 99 ans.
Né le 7 juillet 1913 à Bar-sur-Seine (Aube), descendant d'une veille famille aristocratique ayant servi les rois de France, il n’a rien
d’un maquisard, il ne le faut d’ailleurs pas. Il est en « tenue bourgeoise »
car il faut qu’il puisse entrer partout à Périgueux, à Limoges et ailleurs,
même chez les G. M. R. et dans les mairies pétainistes. C’est tout de même un «
rigolo », il raffole d’aventures et ne rêve que de « bouffer du boche ». Il est
venu, dit‑il, pour venger son père, capitaine de cuirassiers tué en 1915, lors
de la première Guerre mondiale.
D'abord membre du réseau Jove, il a été à partir du débarquement l'officier de renseignement et de liaison idéal du bataillon Violette. Mais il veut aussi se battre. Sur sa demande, il est affecté à la 10ième Compagnie de la brigade Rac comme chef de section.
Le 10 septembre
1944 il se trouve sur la jetée du Chapus aux côtés de son ami Spack. Une trêve
a, paraît‑il, été conclue et pendant qu’ils discutent, les canonniers
allemands du château d’Oléron ajustent leur groupe et font un carton. Il y a
des tués et des blessés, Philippe s’en tire. Guéri, il revient au bataillon et ne voulant plus être officier de renseignements, demande à servir avec
Spack à la 10ième Compagnie. Il y devient chef de section. Nous sommes
à Saujon. Comme tous les jours, on s’accroche avec les Allemands. Marie‑Antoinette
nage dans le bonheur.
Le 30 avril 1945,
il est blessé à nouveau à l’île d’Oléron, et cette fois‑ci, plus grièvement
que la première fois. On lui enlève un rein traversé par une balle. Il se remet
rapidement et revient dans le courant de l’été à sa chère 10ième Compagnie. Son action a été déterminante dans la victoire des F.F.I. de la brigade Rac. Il partira en Allemagne avec ce qui reste du 50e R.I. en
novembre 1945.
De retour à la vie civile, il devient un infatigable animateur de l'Amicale du bataillon Violette avant d'en être il y a encore quelques années le coprésident, assistant en fonction de son état de santé à l'ensemble des manifestations.
Je voudrais finir cet hommage avec un extrait amusant du 1er septembre 1944 du chapitre Angoulême, Cognac, Saintes du livre Bataillon Violette par le capitaine Fred :
Avec son vieux gazo poussif, Marie-Antoinette ne va pas vite, il est environ huit heures du soir quand il arrive à la grande poste de Cognac.
Il y a des drapeaux tricolores à toutes les fenêtres. Le Maire M. Férineau-Martel, ainsi que Mr Rix sous préfet, sont là en compagnie du lieutenant Jacques chef du maquis de Bury, et de Mr Reynaud chef de la résistance locale, flanqué des frères Behotéguy, les deux célèbres internationaux de Rugby. Les postières et les postiers font la haie.
Le Maire et le Sous-Préfet prennent successivement la parole, se félicitant de ce que la libération de Cognac se passe dans des conditions particulièrement heureuses pour la ville, et M. Rix, s'adressant à l'officier de renseignements du 3ième bataillon de la brigade Rac, termine ainsi :
- « Permettez-moi de vous embrasser, mais d'abord comment vous appelez-vous ? »
- « Je suis Marie-Antoinette»
- « Et moi, je suis François 1er»
Les deux hommes s'étreignent, le Sous-Préfet se tournant vers l'assistance enchaîne sous les rires et les bravos : « Surtout, pas un mot à Louis XVI ! »
Mr Philippe Tenant de la Tour est enterré à Le Chalard près de Saint-Yriex
Aux avant-postes devant Saujon : Marie-Antoinette indique un objectif à Pierre Sainderichin correspondant de guerre. Au F.M Jean Courant
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