Rédigé par Alain et Ludovic dans la rubrique Portrait , Pont Lasveyras
Pour éviter toute ambivalence entre la fiction et la réalité les faits sont les suivants :
Nous vous proposons la lecture du chapitre Le maquis se défend tiré du livre Bataillon Violette par le capitaine Fred. Une version Anglaise de ce chapitre est disponible ci-dessous.
Version Française :
Pour éviter toute ambivalence entre la fiction et la réalité les faits sont les suivants :
- Arrestation de Luce Million domiciliée à l'hôpital de Thiviers, le 23 janvier 1944 à 9 h 15 chez ses parents à Bergerac par un groupe d'hommes habillés en uniforme allemand (rapport des Renseignements généraux du 6 au 12 février 1944). Elle avait alors 40 ans.
- Ces hommes étaient des responsables de l'Armée Secrète, secteur Dordogne Nord.
- Elle a été exécutée le 8 février 1944, sur ordre de ces mêmes responsables après avoir été détenue à Thiviers, à Sarlande et enfin au Pont Lasveyras.
Nous vous proposons la lecture du chapitre Le maquis se défend tiré du livre Bataillon Violette par le capitaine Fred. Une version Anglaise de ce chapitre est disponible ci-dessous.
Version Française :
Des lettres adressées à la Gestapo, ont été mises à la poste à Thiviers pour Périgueux : elles ont été détournées par les préposés au tri qui travaillent pour le S.R. Il y en a douze. Ouvertes, ce sont des lettres anonymes dénonçant les agissements de mauvais Français qui travaillent pour les Anglais, contre le Maréchal.
Ces mauvais Français, nommément désignés, sont : Violette, Rac, Delahaye, Tilleul et autres Résistants de Thiviers. Il y en a une liste complète.Il faut absolument tenter de savoir qui écrit ces lettres. Pourvu que l’une d’elles ne soit pas arrivée à destination, malgré la vigilance des postiers!
Tout le sous-secteur est en alerte.Violette a l’idée d’aller chez les deux principaux libraires de Thiviers qui, tous deux, sont des Résistants, et il leur dit :
- Quand vous vendrez un stylo, surtout si c’est à une femme, faites-le essayer. Voici des lettres anonymes ; il faut que nous sachions qui les a écrites. Vous comparerez les essais que vous obtiendrez avec cette écriture ; et il remit à chaque libraire deux lettres.
Un mois et demi se passe sans aucun résultat. Des lettres de même dénonciateur sont encore saisies. Cela continue donc. Un jour enfin, un des libraires arrive avec un papier sur lequel est griffonné, de la même main que les lettres :
- Je suis une folle, il faudrait m’enfermer.
C’est bien une femme. C’est même une jeune femme, et, par surcroît, une religieuse du couvent de Thiviers.C’est Sœur Marie-Philomène. Il va falloir interroger cette Sœur. C’est ainsi qu’on apprend qu’elle est en congé dans sa famille, à Bergerac. Il faut y aller et la ramener. Tout le groupe de Thiviers vit dans des transes mortelles.
Il est décidé que Raoul Audrerie et Raymond Pivert, dont les signalements correspondent à peu près à deux cartes d’identités de policiers allemands obtenues par le maquis, vont partir à Bergerac pour s’assurer de la présence de Sœur Marie-Philomène. On trouve une traction noire, et les deux pseudo-policiers allemands partent pour Bergerac. Ils ont du mal à identifier la famille de la religieuse ; après bien des recherches, ils y arrivent.Ils exhibent leurs cartes et le paquet de lettres.
- Nous venons pour que vous nous confirmiez vos déclarations, et nous désirerions vous présenter les individus que nous avons arrêtés pour que vous les reconnaissiez, s’il y a lieu.
- Nous venons pour que vous nous confirmiez vos déclarations, et nous désirerions vous présenter les individus que nous avons arrêtés pour que vous les reconnaissiez, s’il y a lieu.
Sœur Marie-Philoméne tombe dans le piège, confirme par écrit et signe ses dénonciations. Elle accepte de venir reconnaître les coupables ; parmi ces coupables, il y en a surtout un qu’elle poursuit de sa hargne : c’est Rac. On revient à Thiviers, un scénario est monté dans une maison écartée.
Violette, que la Sœur n’a jamais vu, se présente comme un policier ; il fait marcher devant lui Rac, les cheveux en désordre, les vêtements déchirés comme un prisonnier qui aurait été malmené.
- C’est lui, c’est bien lui, dit-elle.
Elle dit tout ce qu’elle sait : qu’il complote, reçoit des parachutages ; une autre femme le lui a dit.
A ce moment, Violette jette le masque :
- C’est moi, Violette ; pourquoi m’avez-vous dénoncé, et aux Allemands encore, les ennemis de notre pays?
- C’est mon secret.
- C’est mon secret.
- Que croyez-vous que méritez pour nous avoir dénoncés à la Gestapo?
- Je mérite la mort.
Singulière histoire que tout ceci, mais que faire de cette femme?. Nos hommes sont bien embarrassés, c’est peut-être une déséquilibrée, mais o combien dangereuse!. Quelqu’un propose de la faire entrer au Carmel, et qu’elle prenne un engagement d’honneur de cesser ses dénonciations. On lui dit même qu’on va trouver l’argent nécessaire pour la faire entrer au Carmel, car il faut une dot pour y être admise.
- Je ne veux pas entrer au Carmel.
On lui propose de la faire partir pour l’Espagne, dans une maison appartenant à son ordre :
- Je n’irai pas en Espagne.
Que faire? Rac, Violette et leurs amis ne voudraient pas en arriver à l’ultime moyen, que Sœur Marie-Philomène a elle-même envisagé avec calme : la mort.
Comme la Sœur appartient au milieu alsacien, il est décide que Rac et Violette iront à Périgueux exposer l’affaire à Monseigneur Ruch, archevêque de Strasbourg replié en Dordogne depuis 1939. Le Prélat les reçoit en audience et écoute leur exposé, puis il demande le dossier pour l’étudier. Quand ils reviennent, le visage de Monseigneur Ruch est glacial. Il leur dit :
- C’est une femme qui trahit son pays. Si la Résistance veut vivre, elle doit se défendre. Je n’ai pas à vous dire ce que vous avez à faire, mais si elle est condamnée à mort, j’enverrai un prêtre pour la confesser et l’assister.
Le lendemain, on fait savoir à Monseigneur Ruch que Sœur Marie-Philomène a été condamnée à mort, et qu’il veuille bien envoyer le prêtre promis. Le chanoine Scharneberger, secrétaire de Monseigneur Ruch, arrive à Sarlande conduit par Abel Delahaye. Il voit Sœur Marie-Philomène, et lui apprend le sort qui l’attend. On n’a pas à réveiller la condamnée : elle a passé la nuit à prier.
Un peleton d’exécution est là, car il faut que les choses soient faites selon les règles. La lueur blafarde de l’aube apparaît ; la jeune fille demande à mourir à genoux, et refuse le bandeau qu’on veut lui mettre sur les yeux.
A quelques jours de là, l’éditorial pro-allemand de Philippe Henriot, ‘Radio Paris’, a trait à l’ “assassinat” de la religieuse. Comment a-t-il été mis au courant si rapidement?. Toujours est-il qu'avec le grand talent de parole qui est le sien, il cherche à soulever l’opinion contre ces “terroristes” français, qui surpassent en cruauté les bourreaux rouges de la guerre d’Espagne.
In December 1943 around twelve letters addressed to the Gestapo stationed at Périgueux turn up at the sorting office at Thiviers. They are intercepted and opened by postal workers who are working for the Résistance. Opened, it is discovered that the anonymous letters denounce “The bad Frenchmen who are working for the English against the Maréchal.”
These ‘bad Frenchmen’ are named as Violette, Rac, Delahaye, Tilleul and other résistants from the area around Thiviers. The list is quite conclusive.It is imperative to discover who has written these letters, which would have arrived at their destination had it not been for the vigilant postal workers.
The whole area is put on alert.Violette has the idea of visiting the two principal libraries in Thiviers which are both in league with the Résistance. He visits both the libraries and instructs them “When you sell a pen, especially if it is a woman, get them to try it out first. Here are some anonymous letters, it is necessary that we know who has written them. Compare the hand writing in the letters to that of people testing the pens.”
He leaves at each library two of the letters.
A month and a half goes by and no result. More letters from the same ‘denouncer’ are intercepted at the sorting office.
Then, one day at one of the libraries, a piece of paper is used to test a pen. It has the same hand writing on it as in the letters and reads “Je suis une folle, il faudrait m’enfermer.” (“I am mad, I need to be locked away.”
It is in fact a lady, aged in her late thirties and added to that a nun from the convent at Thiviers.
It is Soeur Marie-Philomène.
Violette is informed of the find and the nun has to be interrogated. It is discovered that she is on a break at the home of her parents in Bergerac. It is decided to pay her a visit and pick her up and bring her back to Thiviers. Everyone in the area involved with the Résistance are in fear of their lives, not knowing if they have been denounced to the Gestapo.
It is arranged that Raoul Audrerie and Raymond Pivert take a black Citroen Traction and drive to Bergerac to pick her up. They are issued with false identity cards stating that they are German police. They drive around the town for a bit and then after a few enquiries they arrive at her parent’s house.
They knock at the door and Soeur Marie-Philomène answers. They show their identity cards and the packet of letters to her.
“We have come to ask you to confirm the declarations you have made in these letters and we would like you to come with us to see some individuals that we have arrested to see if you recognise them.”
She falls into the trap, she confirms that the letters were written by her and it is certainly her who has made the declarations. She agrees to come along and recognise the ‘guilty individuals’, in particular she hopes to be able to recognise one of them known as Rac.
They return to Thiviers where a scene has been set up at a remote house.
Violette, who the soeur does not know in person presents himself to her as German police. He marches Rac in front of her, his hair dishevelled and his clothes torn so it looks like he is a prisoner who has been roughed up a bit.
“It is him, it’s definitely him” she says.
She goes on to tell all that she knows, - he is a résistant and has heard that he has received parachute drops.
At this moment Violette throws of the ‘mask’.
“I am Violette, why have you denounced me too? And to the Germans, the enemy of our country?”
She replies “It’s my secret”.
“Are you aware of the punishment given to those who denounce to the Gestapo?”
“I deserve death” she replies.
This is an unusual situation that Violette and Rac find themselves in here.
They are in a very awkward position and are perplexed as to how to deal with this potentially dangerous situation.
Someone puts forward the idea to make her enter into Carmel and make her swear to cease all denounciations. A question is raised as to where the funds will come from to enter her into Carmel as a dowry would be necessary.
“I don’t want to enter into Carmel” she says.
She is offered the chance to go to Spain and stay in a convent there.
“I will not go to Spain, I wish to die. If you release me I will continue to denounce you to the Gestapo.”
What to do? Rac, Violette and the others present do not want to arrive at what seems to be the only solution, one that Soeur Marie-Philomène has herself envisaged quite calmly – death.
It is decided that Rac and Violette will go to Périgueux and explain their dilemma to Monseignur Ruch, a bishop from Strasbourg who had taken refuge in the Dordogne since 1939.
This church dignity welcomes them and listens to their story. He asks to see the dossier on her so he can study it for himself. When he returns, his face has an icy stare and he says to them, “This is a woman who has betrayed her country. If the Résistance is to survive and succeed it must defend itself. I am not telling you what to do but if she is condemned to death I will send a priest to take her last confession and pray with her."
In reality there is only one option and one cannot overlook that the letters she had sent were in effect sentencing ten, twenty or probably more people to their deaths.
The next day Monseignur Ruch is informed of the decision that Soeur Marie-Philomène has been condemned to death. He sends a priest as promised. His secretary, le chanoine Scharneberger is driven to Sarlande by Abel Delahaye. He is then taken to see Soeur Marie-Philomène who is being held at a house at a résistant camp at a disused mill known as le moulin de la Forge-de-Pissac on the river Auvézère. He is told of the fate that awaits her. At this point she has yet to be told. They spend the night in prayer. The next day a firing squad consisting of four men is placed alongside the river. As dawn breaks she is lead out. She demands that she wants to die on her knees. She refuses the blindfold that is offered to her.
At the time of her death she had told no one of her ‘secret’. It appears that she had fallen in love and was having a relationship with a priest by the name of Julian Fère who had been helping the Résistance in the area. She had found out that he had started another relationship with a nurse at the hospital where they had worked. She seeks revenge and decides to send the letters naming Rac, Violette and many other résistants to the Gestapo. Had the letters arrived at their destination it is imaginable to think how many résistants, their families and their contacts would have been shot or deported to concentration camps.
A few days after her execution Phillipe Henriot announced on the pro-German radio station ‘Radio-Paris’ that a nun had been assassinated. It is unknown how he could have been able to find out this information and so quickly. He announces that “These French ‘terrorists’ surpass the cruelty shown by the ‘bourreaux rouge’ during the Spanish war."
On the 28th February 1944 the Vichy press declared in ‘La France’ – “In the Dordogne, bandits assassinate a nun who had been held in squalid conditions.”
- Le Pont Lasveyras le 16 février 1944 (lien)