Rédigé par Alan dans la rubrique Maquis Parachutage Réseau, Operation Cadillac
Le 14 juillet 1944 à environ neuf heures du matin, sur le plateau des Chansèves, au-dessous du hameau de Moustoulat, commune de Monceaux-sur-Dordogne, 419 containers contenant 46 tonnes d'armes étaient parachutés par 36 avions de la 8e U.S. Air Force en provenance de Londres sous le nom de code Digger.
Ces armes étaient destinées à la Résistance, plus particulièrement aux maquis de l'Armée Secrète en basse Corrèze.Le parachutage de Moustoulat a fait partie d'un vaste ensemble
opérationnel organisé par les Alliés sous le nom d'opération Cadillac. Avec l'aimable autorisation de Pierre-Yves Roubert, auteur du livre
Le Parachutage de Moustoulat 14 juillet 1944 voici quelques extraits de
son ouvrage publié par Écritures en 2004 à l'occasion du 60e
anniversaire du parachutage.
Le hameau de Moustoulat en juillet 1944
C'est, on s'en souvient, le 12 juin 1944, soit 6 jours après le
débarquement de Normandie, que Jack Poirier (Jacques Poirier, agent du
S.O.E.) reçut le message radio en provenance de Londres lui demandant si
un important parachutage d'armes en plein jour pouvait être organisé
dans la région dont il était chargé (Corrèze-Dordogne). Après que Jack
Poirier eut pris contact avec Marius Guédin et René Vaujour, et que le
parachutage à Moustoulat fut décidé et accepté, plusieurs compagnies
A.S. furent mobilisées. Elles étaient prêtes, autant qu'elles le
pouvaient dans les conditions difficiles qui étaient les leurs.
Et en Angleterre...
Pendant que, en Corrèze, les résistants se préparaient et que les villageois dormaient ne se doutant de rien, ce même 14 juillet au matin, à 5 heures précises (7 heures, heure française), les avions décollaient de neuf aérodromes londoniens, principalement de la base de Tempsford. Il faisait mauvais outre-Manche, mais on ne pouvait différer l’opération Cadillac. Au total, 349 bombardiers et 524 chasseurs d'escorte s'élevèrent à travers les nuages !
Et en Angleterre...
Pendant que, en Corrèze, les résistants se préparaient et que les villageois dormaient ne se doutant de rien, ce même 14 juillet au matin, à 5 heures précises (7 heures, heure française), les avions décollaient de neuf aérodromes londoniens, principalement de la base de Tempsford. Il faisait mauvais outre-Manche, mais on ne pouvait différer l’opération Cadillac. Au total, 349 bombardiers et 524 chasseurs d'escorte s'élevèrent à travers les nuages !
Montant jusqu'à une altitude de 5000 mètres, ils volèrent en formation
serrée en direction du Sud-Ouest. Ils quittèrent la côte anglaise à
Salsy Bill et atteignirent la France entre Caen et Le Havre, un peu
au-dessus des plages du débarquement, que les pilotes ne virent pas en
raison du brouillard et des nuages. Les appareils restèrent groupés jusqu'à ce qu'ils se trouvent à l'aplomb
d'une petite île sur la Loire, aux environs de Blois, qui avait été
repérée à l'avance et au-dessus de laquelle eut lieu la séparation, de
façon à couvrir les objectifs prévus. Une heure avant les
parachutages, les avions pour Moustoulat commencèrent à descendre,
jusqu'à 500 pieds. Destination : 45○ 17' N, 1○ 51' E.
Le ramassage des containers
Dès que les avions eurent lâché leur cargaison, le plateau de Moustoulat, autrement dit le terrain Digger, se couvrit d'hommes, des maquis bien sur, mais aussi des civils. Car les riverains vinrent proposer leur bras et leurs véhicules, à moteur ou à traction animale. Si certains avaient été recrutés à l'avance par les hommes de l'A.S., la plupart se présentèrent spontanément, pour offrir leurs services ou par curiosité. On les laissa passer sans difficulté.
Un somptueux ballet aérien
Le 14 juillet 1944 au matin, il faisait un temps magnifique. Le soleil, apparu très tôt, n'écrasait pas encore le sol de son feu d'été, mais valorisait déjà les couleurs et les volumes de cet espace enchanteur. À mi-hauteur, il éclairait merveilleusement le ciel et la terre. Le bleu était net, propre et d'une belle couleur. La lande de bruyère s'éveillait entre blanc et pourpre, les insectes et les petits animaux s'en donnaient à cœur joie.
"J'étais à Salgues, de Neuville, j'avais lié deux vaches et je les attelais à la machine à moissonner. Soudain, j'ai entendu un bruit énorme. Un grondement terrible, qui tout de suite s'est rapproché. Alors j'ai levé la tête. Et j'ai les ai vu ! Les avions ! Il y en avait... impossible de les compter ! Je n'en croyais pas mes yeux. Plein d'avions au-dessus de moi, à 100 mètres d'altitude à peine ! Ils ont d'abord fait comme un tour de reconnaissance, et puis tout d'un coup les parachutages se sont mis à tomber. Dans le bruit assourdissant, j'ai vu s'ouvrir les toiles. C'était... magnifique. Toutes ces couleurs sur le ciel bleu... un spectacle unique ! Car les parachutes étaient de plusieurs couleurs ; on parle de parachutage tricolore, en fait il était plutôt multicolore. En plus de bleu, du blanc et du rouge, il y avait du vert et du jaune, et d'autres couleurs encore."
Marcel Grouille n'avait que quinze ans alors, mais il s'est toujours
souvenu de ce spectacle, comme tous les habitants des villages autour de
Moustoulat.
La lettre de Clare R. Harnden
Le 26 octobre 1992, un certain Clare R. Harnden, de Fremont, dans le Michigan (U.S.A.), écrivait (en anglais)
Dear Monsieur (tel que), J'étais un membre de l'U.S. Air Force (100th Bomb Group) pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 14 juillet 1944, 36 des forteresses volantes ont parachuté 432 containers d'armes aux Forces Françaises de l'Intérieur près de votre village. J'ai participé à cette mission. Je suis à présent à la recherche de quelqu'un qui est au courant de cette mission et qui voudrait bien correspondre avec moi. J'espère pouvoir venir sur place au cours des deux prochaines années. Je connais très mal le français et ce serait très appréciable si l'on pouvait correspondre en anglais. Merci beaucoup pour l'aide que vous voudrez bien m'apporter. Sincèrement, Clare R. Hudson.
Sur l'enveloppe, l'adresse était ainsi libellée : Maire de Neuville, Conseiller Général, Neuville de le centre, France
La stèle commémorative du parachutage de Moustoulat |
Le Maire de Neuville, M. Henri Arrestier, qui était donc destinataire, et à qui la secrétaire de mairie apporta la lettre extraordinaire, ne fut pas moins étonné et laissa toute latitude à sa collaboratrice pour tenter de donner la meilleure suite possible à cette demande d'Outre-Atlantique. Alberte Grouille contacta alors Serge Monteil, à Tulle, un ancien de l'Armée Secrète.
On va faire quelque chose , dit-il. Contacts furent alors pris avec Jean Dautrement et Albert Uminsky, représentants des anciens de l'A.S. Corrèze. Rapidement naquit l'idée d'un cinquantième anniversaire avec une présence américaine.
Une réponse contenant quelques précisions sur le parachutage et une invitation de principe fut donc adressée à Clare R. Hudson, qui a son tour répondit à Madame Grouille, le 18 mai 1993, et donna quelques explications sur la manière dont il avait retrouvé Moustoulat :
Les deux plaques sur la stèle |
En arrivant à Vassieux, j'avais des doutes que ce fut la bonne
localisation, même que je me rappelais très bien de cette mission. Or,
cet endroit ne me semblait pas familier du tout. Mais j'ai réalisé alors
que 48 années s'étaient écoulées depuis.
De suite après notre retour à la maison, j'ai reçu un microfilm du Musée
de l'Air Force américaine. Il y avait la description complète de notre
mission sur ce film. Le nom de village ne fut pas donné, tandis que la
localisation fut exacte en longitude et en latitude. En mettent ces
détails sur la carte de France, j'ai pu trouver que décidément le
village est Neuville. Ce fut une grande et satisfaisante surprise de
finalement savoir la localisation exacte de la mission de ils armes .