Rédigé par Alan dans la rubrique Les Alliés, Lieu de mémoire
Un grand merci à Michel Souris et Terry Dennett (Le Secrétaire du Royal Air Forces Association Sud-Ouest Branch) pour avoir eu la gentillesse de partager des photos prises à la cérémonie d'Ecurat le 29 juillet 2O18.
Le 22 juillet 1944 un mosquito de la R.A.F abattu à Ecurat, à 6 km de Saintes, faisant deux aviateurs blessés, le navigateur Edward Philip Andrew Horrex et le pilote Reginald Howard Harrison.
Michael Harrison, le fils de Reginald Howard Harrison
devant la stèle érigée à la mémoire d’Edwin Philip Andrew Horrex et de son père, rescapés de leur mission en Saintonge, après le crash de leur Mosquito (photo - Michel Souris)
Jonathon Pitt et Sophie Harrison, la petite-fille du pilote Reginald Harrison (photo - Michel Souris)
(Photo - Francis Berry)
(Photo - Francis Berry)
Michel Souris donnant un "coffret reliquaire"
(Fragments des avions crashés) à Michael Harrison (photo - Francis Berry)
SPEECH BY MICHAEL HARRISON - ECURAT 29th JULY 2O18
Monsieur le Maire, Madame la Présidente de la RAF Association Sud-Ouest France, Monsieur Souris, honoured guests, ladies, gentlemen, children and the kind people of Saintonge.
Thank you for letting me participate in your annual commemorations. It has been a fairly emotional 7 months since my daughter, Sophie, on her own initiative, took it upon herself to try to find out about my Father’s exploits in World War Two. What a wealth of information she has found leading up to Sophie and me being here for this year’s commemoration.
My father joined the RAF in September 194O when he was taught to fly on a Tiger Moth biplane. In May 1941 he was assessed as “Average – a satisfactory pilot – inclined at times to be forgetful and careless”! In March 1942 he teamed up with a navigator, Sergeant Ted HORREX. They first saw enemy combat in July when they shot down a Dornier with another probably destroyed off Flamborough Head, north-east England.
In September, his squadron was relocated to RAF Predannack, on the Lizard peninsular Cornwall, where he promptly crashed on landing but was not held responsible. In May 1943 he was classified as an “Above Average” Beaufighter pilot. During this period he destroyed 2 Dorniers and damaged one, as well as damaging 4 trains.
In December 1943 he learned to fly the De Havilland Mosquito which had been introduced in 1941. Originally conceived as an unarmed fast bomber, it turned out to be the most versatile of all wartime RAF aircraft. Made of wood, it was the world’s fastest operational aircraft, until jet engines came in towards the end of the war. It was nicknamed “The Wooden Wonder”. Although the Spitfire and Hurricane fighters won the Battle of Britain, the Mosquito won the subsequent battle for air supremacy. My Father was also in action over the D-Day landings in Normandy on 5/6 June 1944.
I think that it is very fitting that this year’s commemoration takes place when we celebrate 1OO years since the formation of the RAF in France in 1918. My father’s step-father was a pilot in the First World War. He too was shot down over the trenches in northern France and survived having fortuitously come down on the Allied side of the trenches!
My father said very little about his wartime experiences but did tell me that he was pulled from his burning Mosquito by his navigator, Ted HORREX. I am still trying to find out if Ted has any living relatives so that I can make them aware of these commemorations – so far without success.
My father ended up in Toulouse just as it was being taken back into the control of the French Resistance. He was flown back, according to his Log Book, on 6th September 1944 and landed at RAF Northolt, near London. He was immediately taken to the Nuffield Hospital in Oxford under the care of the famous surgeon, Sir Herbert SEDDON, who eventually performed the longest nerve graft ever undertaken at the time on his left arm. Although he had some use of this arm for rest of his life, it was mostly paralysed.
I never knew that he visited this crash site at the Moulin des Fougères in 1946 until after Sophie’s work uncovering a photograph taken during this visit. I was only 8 years old then and I suppose my father felt I was too young to understand. The strange thing is that although my mother was declared a war-widow and had received her war-widows’ papers, yet in less than 6 weeks, my Father was back in England; all very lucky!
I have brought over my father’s RAF Flying Log Book, which covers his whole career in the RAF, in case you might like to examine it. It includes some photographs of his aircraft firing at enemy aircraft as well as rather gruesome photographs of his nerve graft operation. There is also a telegram from Air Vice-Marshal LEIGH MALLORY congratulating him on receiving his Distinguished Flying Cross in May 1944; the same medal was also awarded to his navigator, Ted. There is also the docket issued by the Germans on his capture showing that he was wounded.
In addition, there are also letters from Sir Herbert SEDDON, a surgeon, to my Grandfather about my Father’s medical condition and letters from SEDDON requesting my Father to act as a model for him, so that he could show off his work to American surgeons!
I am very much aware that commemorations so often to deal with death. In my father’s case, I think it is more to remember those brave people of Saintonge who often risked their lives to assist wounded or crashed airmen. Having recently read Irène NÉMIROVSKY’S novel, “Suite Française”, I can understand how the indomitable spirit of most French people, the Resistance and Maquis lives on today; very inspiring!
My father went on to continue in the film industry which he started in before the war, for the rest of his working life. Thank you all very much.
Prise de paroles de Michel Souris à Ecurat
Monsieur Michael Harrison, Sophie Harrison, Jonathon Pitt,
Mr et Mme Dennett, représentant la Royal Air Force, pour le Sud-Ouest
Monsieur Gérard Desrentes, adjoint au maire de Saintes.
Monsieur Bernard Chaigneau, maire d'Ecurat.
Madame Brigitte Seguin, conseillère départementale.
Madame Jean-Philippe Ardouin, Député……
Capitaine Fénéant, Major Trémoulet, gendarmerie nationale, Lieutenant Natacha Eijckmans, représentant l'armée de l'air
Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Dans ce cheminement sur les chemins de mémoire, depuis notre dernière rencontre, nous avons croisé l’honneur et la douleur, que ce soit dans l’hexagone avec l’entrée au Panthéon d’une grande Dame, Simone Veil, ou bien avec le sacrifice ultime du gendarme Arnauld Beltrame dans cette triste journée du 23 mars 2O18, à Carcassonne où trois autres personnes ont aussi trouvé la mort. Mais aussi nous ne pourrons pas oublier cette vieille dame rescapée de la Shoah, Mireille Knoll âgée de 85 ans et qui a été sauvagement assassinée, puis carbonisée le 23 mars 2O18, pour le simple fait d’être juive.
Nous commémorons cette année le 73ième anniversaire de la victoire des nations libres sur le régime barbare et totalitaire nazie. Nous sommes réunis sur ce premier « lieu de mémoire » qui ouvre la route sur « Les chemins de mémoire ». Ainsi pour la quatorzième année consécutive nous avons effectué ce déplacement sur ces trois sites autour de Saintes. Ceci dans le prolongement, quoique la précédent, de cette cérémonie commémorative d’Ecurat qui a lieu chaque 22 juillet sur le lieu du crash d’un avion de la Royal Air Force ; ceci pour la 24ème année en ce qui concerne cette commune.
Ces sites ont été choisis pour la diversité des combattants et la similitude des faits de guerre concernés, à savoir combat des forces aériennes françaises et alliés. Mais l’hommage et l’honneur rendus à cette occasion concernent toutes les formes de combat et tous les combattants, aussi et surtout toutes les victimes et leurs familles et proches.
Nous avons choisi d’honorer nos amis alliés qui nous ont largement aidés à chasser et à détruire un système barbare et totalitaire.
Sur le premier site de mémoire, commune de St Vaize, nous avons honoré devant la stèle, à quelques dizaines de mètres du crash de leur avion, les aviateurs français André Prunier et Henri Séverac « Morts pour la France » carbonisés vifs dans leur avion sur cette commune, le 1er février 1945.
Ensuite, sur la commune de Nieul les Saintes, nous nous sommes inclinés en mémoire du Capitaine Charles Donald Cole, « Mort pour la France, les USA & la liberté » aux commandes de son avion, ceci le 5 janvier 1944. . Bien qu’il ne figure pas sur cette stèle, je rappelle à notre mémoire Adrien Besson « Mort pour la France » pour avoir aidé un des membres de l’équipage du Capitaine Cole.
Comme chaque année, nous aurons à cœur de marquer par par un événement particulier ces grands moments de notre histoire commune.
Cette année nous accueillons Michael Harrison, sa fille Sophie et son ami, citoyens anglais, le père de Michael était à bord de l'avion qui s'est crashé dans ce champ proche de nous.
Ainsi, ici-même, devant cette stèle d’Ecurat au « Moulin des fougères » nous honorons deux jeunes anglais, Edwin Philip Andrew Horrex et Reginald Howard Harrison, rescapés de leur mission en Saintonge, après le crash de leur avion dans ce champ devant nous. Là aussi nous devons penser que cette plaque, rappelle à notre mémoire cette terrible tragédie vécue par des millions d’autres humains. Pour ceux qui avaient assisté à la première cérémonie sur le site du crash nous ne pouvons que nous rappeler les larmes des compagnons de combat de ces deux aviateurs qui étaient de la même mission. Mais ces larmes allaient bien plus loin et beaucoup plus haut que ce lieu de crash.
Il s’agit d’honorer par notre démarche ces hommes qui étaient frères d’arme par leur spécialité, l’aviation, et qui ont trouvé une morte violente sur notre sol. Mais à cet hommage ne peut être dissociées toutes les formes de combattants et de victimes, à aucun moment ne pourront être ignorés tous les hommes et femmes de cette génération qui a connu ces terribles combats et ce monstrueux holocauste qu’à été le Nazisme.
Pour conclure, mais ce livre ne sera jamais refermé, que ce soit l’Américain Cole, le fermier Adrien Besson, les Français Prunier et Séverac, les Anglais Horrex et Harrison, Ginette Bufferme et bien d’autres. Nous ne pouvons que leur dire un grand merci par leur sacrifice et cette présence à travers leur stèle « lieu de mémoire pour demain ».
Si des récits de ces faits de guerre vous sont contés pour chaque site, nous devons en remercier les populations locales. Elles ont su, par leur accueil chaleureux et l’apport de leur témoignage, contribuer au « Devoir de mémoire ».
Notre commune démarche de ce jour fait partie intégrante du « Devoir de mémoire », mais rappelons-nous mais faisons surtout savoir à nos semblables et à nos enfants que « Si nous ignorons notre devoir nous risquons de perdre nos droits »
Nous adressant principalement à la jeunesse, Nous nous permettons de lui déclarer qu’elle est notre dynamique et notre mémoire à développement durable de demain, qu’elle sache transmettre le message fondamental à savoir que les hommes, le monde libre devra toujours se battre pour défendre la vie de ses semblables, ses terres, sa famille.
Vive la France, vive la liberté, vive la paix, vive la fraternité entre les peuples
(Michel Souris – 29/O7/2O18) Les chemins de mémoire
Ecurat le 22 juillet 1944 - Historique de Michel Souris
De Predannack dans le Cornwall au Moulin des Fougères
Depuis septembre 1939 les Allemands occupaient notre territoire national, mais depuis le 6 juin 1944 les alliés avaient déposé leurs armées sur le sol de France, aidés en cela par la résistance nationale. Depuis ce jour les uns comme les autres ont combattu notre tyrannique occupant.
Des aviateurs de la Royal Air Force basés à Predannack avaient pour mission, de manière régulière, de survoler le réseau ferré français et de détruire les trains de l'armée allemande.
C'est ainsi que ce 22 juillet 1944, sept avions « Mosquitos » du 151 squadron sont partis en mission sur la France, deux des appareils avaient notre région comme objectif.
Dans l'un des deux avions se trouvaient le pilote Reginald Howard Harisson, squadron leader et pilote, son coéquipier était Edwin Philip Andrew Horrex, Flying lieutenant et navigateur...
Reginald Harrison et Edwin Horrex |
Après avoir attaqué un autre site ferroviaire, Beillant – St Sever, ils ont fait un autre passage sur la gare de triage SNCF de Saintes. Mais la DCA allemande (Flack) a riposté et c'est ainsi que les artilleurs qui se trouvaient dans la prairie avaient touché un des deux « Mosquitos ».
Commençant alors à fumer et perdant de l'altitude le premier avion s'était dirigé vers Ecurat, alors que l'autre appareil partait dans une autre direction.
Atterrissant en catastrophe au « Moulin des Fougères », les aviateurs avaient quitté rapidement l'appareil en feu, qui brûlait d'autant plus facilement que sa carlingue était en bois. Il était vers les 21 h OO.
Des habitants des hameaux voisins sont venus rapidement sur place pour aider les rescapés, mais, malheureusement, les Allemands et leurs chiens sont aussitôt arrivés sur le site du crash guidés par la fumée de l'incendie de l'avion. Harrison aurait pu se cacher et se sauver mais il n'avait pas voulu abandonner son navigateur Horrex.
Les deux hommes étaient blessés, tant aux jambes qu'au visage. Les habitants du lieu leur avaient déclaré qu'ils ne pouvaient les soigner du fait de la gravité des blessures. Les Allemands avaient alors pris des volontaires parmi leurs hommes pour éloigner les aviateurs de l'avion qui en brûlant provoquait l'explosion des munitions, quelques-unes partaient dangereusement dans l'espace.
Etienne Machefert avait servi d'interprète.
Les deux hommes étaient emmenés en camion allemand à leur hôpital, ils y sont restés jusqu'au 29 juillet. Puis les Allemands avaient emmené leurs prisonniers à l'hôpital de Niort où ils étaient restés 9 jours, pour en fin de compte prendre la direction de l'Allemagne, le 7 août, mais en passant par le sud.
Dans le train qui les transportait, les aviateurs s'étaient vu confier une carte pour s'évader, ceci par un soldat allemand. Mais un officier s'en était aperçu et pour éviter les représailles les Anglais avaient rendu la carte.
En cours de route le train était mitraillé, et 8 jours après leur départ de Niort, Harrisson et Horrex avaient été hospitalisés à l'hôpital Purpan de Toulouse.
Arrivés à Toulouse le 15 août, c'est avec joie que nos aviateurs ont alors appris la libération de la ville par la résistance locale ; ceci le 18 août 1944. Leur « mission » en France était terminée ; en effet ils ont quitté l'hôpital le 3 septembre et dans la nuit du 5 au 6 septembre ils ont abandonné le sol français.
En effet, en rase campagne, un appareil « Hudson » de la Royal Air Force avait pris les Anglais en charge, ainsi que d'autres aviateurs. Ils ont été déposés à l'aéroport de Tempsford au nord de Londres. Dans cette ville ils ont été à nouveau hospitalisés.
Quelques années plus tard Harrisson est revenu au « Moulin des
Fougères », en compagnie d'un aviateur du second avion de la mission du 22 juillet, où il a rencontré, entre autres, les familles Rivière, Filliollaud, Hervé, Colas.
En 1994 une stèle a été élevée à cet endroit, à quelques dizaines de mètres du crash du « Mosquito », en présence de Waddad Horrex, l'épouse du pilote du Mosquito, celui-ci est décédé en 1996.
Un autre équipage du même « squadron 151 » est mort carbonisé sur la gare de Jonzac, le 6 août 1944 (lien). Les aviateurs d'Ecurat et de Jonzac étaient compagnons, mais le destin a frappé plus durement un des équipages. Victimes de leur devoir pour la Liberté et la France.
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