Rédigé par Alain GODIGNON
John FARMER et Nancy WAKE en route pour le Mont-Mouchet
Parachutage de la mission « Freelance » dans le département de l’Allier
Le 15 avril 1944, Émile COULAUDON alias « Gaspard », chef des F.F.I. d’Auvergne (Puy-de-Dôme, Cantal, Allier, Haute-Loire), rencontre à Montluçon (Allier) Maurice SOUTHGATE [1] alias « Philippe , « Hector », chef du réseau « Stationer » du Special Operations Executive (SOE) [2] . Émile COULAUDON est accompagné de Antoine LLORCA alias « Laurent », responsable du matériel au sein du 1er Corps Franc d’Auvergne, et de Jean VILLECHENON alias « Vincent », chef d’un maquis local M.U.R. près de Cosne d’Allier (Allier). La rencontre a lieu chez Mme Odile LHOSPITALIER, 16 rue de Rimard à Montluçon. La discussion porte sur la capacité des maquis d’Auvergne de « Gaspard » à fixer les troupes allemandes pendant les opérations du débarquement. « Gaspard » y expose son plan de création des « réduits d’Auvergne » mais sollicite des armes pour équiper ses hommes ; il escompte quelques 1O OOO hommes sur les quatre départements d’Auvergne. « Philippe » promet de faire le nécessaire pour lui faire parachuter des armes semi-lourdes et des commandos susceptibles d’encadrer ses Corps Francs mais également « de faire venir une mission qui lui fournira tout ce dont il aura besoin » [3]
Parachutage de la mission « Freelance » dans le département de l’Allier
Le 15 avril 1944, Émile COULAUDON alias « Gaspard », chef des F.F.I. d’Auvergne (Puy-de-Dôme, Cantal, Allier, Haute-Loire), rencontre à Montluçon (Allier) Maurice SOUTHGATE [1] alias « Philippe , « Hector », chef du réseau « Stationer » du Special Operations Executive (SOE) [2] . Émile COULAUDON est accompagné de Antoine LLORCA alias « Laurent », responsable du matériel au sein du 1er Corps Franc d’Auvergne, et de Jean VILLECHENON alias « Vincent », chef d’un maquis local M.U.R. près de Cosne d’Allier (Allier). La rencontre a lieu chez Mme Odile LHOSPITALIER, 16 rue de Rimard à Montluçon. La discussion porte sur la capacité des maquis d’Auvergne de « Gaspard » à fixer les troupes allemandes pendant les opérations du débarquement. « Gaspard » y expose son plan de création des « réduits d’Auvergne » mais sollicite des armes pour équiper ses hommes ; il escompte quelques 1O OOO hommes sur les quatre départements d’Auvergne. « Philippe » promet de faire le nécessaire pour lui faire parachuter des armes semi-lourdes et des commandos susceptibles d’encadrer ses Corps Francs mais également « de faire venir une mission qui lui fournira tout ce dont il aura besoin » [3]
La nuit du 29 au 3O avril 1944, dans le
cadre d’une opération « Carpetbagger » et de la mission « Stationer 66 », deux avions B24-Liberator du 4O6th Bomb Squadron
de l’USAAF se présentent à 5 km au sud-ouest de Cérilly (Allier) sur un terrain de parachutage entre Pernier et Les Chenus [4]. Ils sont pilotés par Roland B. DECKER du 36th Bomb Squadron (BS) et, le second par le Capt. Harold VAN
ZYL du 46Oth BS [5]. A 1hO5, le premier avion de R. B. Decker largue ses 12 containers et quelques paquets. Le second, à 1h17, envoie également 2 agents du SOE de la mission
« Freelance » : le Capt. John Hind FARMER
alias « Hubert » et le Lieutenant Nancy WAKE
alias « Hélène ». Le comité de réception sur le
terrain est notamment composé du chef de
maquis Henri TARDIVAT alias « Tardif ».
Nancy WAKE atterrit dans une haie épaisse,
John FARMER et Henri TARDIVAT sont à sa
recherche et, lorsqu’ils virent le parachute puis
Nancy WAKE, ce dernier surpris d’avoir face à
lui une femme, lui fit le compliment suivant :
« J’espère que tous les arbres de France portent
d’aussi beaux fruits, cette année » [6]… Cette
mission « Freelance » est donc la première aide
promise par le major SOUTHGATE. Le radio-opérateur
de cette mission et troisième équipier
du groupe, Denis RAKE alias « Justin »,
« Denis » n’arrivera en France que le 9 mai 1944
par avion Lysander dans le cadre de l’opération
« Mineur » et sera déposé au nord de Loches
(Indre-et-Loire) [7] ; il ne rejoindra ses deux
collègues que le 15 mai en Auvergne.
Jean VILLECHENON se charge de l’hébergement des deux agents à son domicile à Cosne d’Allier.
Le lendemain matin 1er mai 1944, Maurice SOUTHGATE se rend à Cosne d’Allier pour s’entretenir avec
les deux agents et connaître les dernières directives de Londres. Ils leur expriment leur souhait de se
rendre auprès de « Gaspard ». Maurice SOUTHGATE leur rétorque qu’il ne connaît pas sa localisation
mais promet de la leur communiquer dans les jours prochains. Dans l’après-midi, Jean VILLECHENON
le raccompagne à Montluçon en voiture et le laisse à l’entrée de la ville. Maurice SOUTHGATE se rend à
son QG, rue de Rimard et, quand il sonne à la maison des LHOSPITALIER, la Gestapo est présente et
l’arrête. En perquisitionnant l’habitation, la Gestapo va trouver des informations compromettantes :
derniers messages décodés, liste de terrains de parachutage, etc...[8] .
Direction Ayat-sur-Sioule (Puy de Dôme), le refuge de « Laurent »
Direction Ayat-sur-Sioule (Puy de Dôme), le refuge de « Laurent »
L’alcool du « Quina Soleil » avait fait son effet ! Elle dit encore qu’elle fut malade toute la nuit [11] . Dans les jours suivants (la durée du séjour à Ayat-sur-Sioule des deux agents du SOE varient selon les témoignages de trois à huit jours), « Laurent » conduisit John FARMER et Nancy WAKE au château de Ligonès près de Ruynes-en-Margeride (Cantal). Ce ne sera que le 15 mai 1944 qu’ils rencontrèrent « Gaspard ». Entre temps, le 7 mai, la mission « Benjouin [12] » avait été parachutée et « Gaspard » avait donc deux équipes distinctes pour l’organisation et l’approvisionnement de ses hommes. Pas trop de deux équipes pour l’importance des réduits à venir. Finalement, « Gaspard » envoya le 2O mai les agents de la mission « Freelance » au réduit de Chaudes-Aigues (Cantal), lieu plus propice à la réception des parachutages importants [13] .
Mis à jour le 16 août 2O18
[1] Le Major Maurice SOUTHGATE (1913-199O) agent du SOE et chef du réseau Stationer », il a été parachuté pour la première fois
en France le 25 janvier 1943. Voir sa biographie sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Southgate
[2] Le Special Operations Executice (ou SOE) est un service anglais de soutien des mouvements de résistance dans les pays occupés
par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale : http://fr.wikipedia.org/wiki/Special_Operations_Executive
[3] Source : « A nous Auvergne » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 172 dont le texte est repris sur le site :
http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/2111922
[4] http:// lesamitiesdelaresistance.fr/ lien28/p23-50_la_genese_du_ groupe_auvergne.pdf . Erreur de transcription de la coordonnée
géographique sur le document ; il faut probablement lire : 46° 35’ N - 2° 47’ E
[5] Sources : http://www.plan-sussex-1944. net/francais/pdf/ infiltrations_en_france.pdf– Hors série La Montagne « Les chemins de
[5] Sources : http://www.plan-sussex-1944.
la victoire – Auvergne 1945 » Ed. 2OO5 – Rapport n°284 de R. B. DECKER :
http://www.801492.org/Air% 20Crew/Decker/Decker%20Crew% 20MRs.zip – Rapport n°289 du Capt. VAN ZYL :http://www.801492.org/Air% 20Crew/Van%20Zyl/Van%20Zyl% 20MRs.zip
http://www.801492.org/Air%
[6] Source : autobiographie de Nancy WAKE « La Gestapo m’appelait la souris blanche » page 8.
[8] Selon le livre « A nous Auvergne » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 175, la présence de la Gestapo serait la
conséquence d’une lettre anonyme dénonçant un réfractaire S.T.O. en cette maison. Maurice SOUTHGATE sera déporté à
Buchenwald et libéré le 11 avril 1945 par l’armée américaine.
[9] Le « Quina Soleil » provenait des magasins généraux de Montluçon. Dans la grange de Célestin PINET fut même stockée une
citerne de carburant de 16OOO litres des établissements DESMARAIS de Montluçon, détournée par les résistants le 1er juin et qui
échut à LEMPDES (63) avec le convoi de Lucien LEPINE parti des environs de Montluçon pour le mont-Mouchet. Dans la nuit
du 4 au 5 juin, ce convoi par suite d’une erreur d’itinéraire se trouva dans une impasse conduisant à un cantonnement de soldats
allemands. Source : Hugues CHABASSIERE - Amicale des Anciens Combattants de la Résistance de la zone 13 et livre « A nous
Auvergne ! » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 227.
[1O] Léopold CHABASSIERE (1924 - 1944) était un jeune résistant très actif du maquis d’Ayat-sur-Sioule dont le chef était Lucien
LEPINE « Barbouillé ». Il s’engagea le 3 juillet 1944 dans le 1er Corps Franc d’Auvergne et, lors des combats d’Yzeure (O3), fut
blessé puis exécuté le 5 septembre 1944. Source : archives familiales de Hugues CHABASSIERE
[11] Témoignage de Irène CHABASSIERE.
[12] La mission « Benjouin » était composée du major Freddy CARDOZZO alias « Vecteur » chargé de l’inspection des maquis, du capitaine français Bernard GOUY alias « Médiane, « Chouan » instructeur en armement du lieutenant américain Jacques LEBAIGUE alias « Spirale » chargé de la répartition des armes et du sous-lieutenant français Jean TROLLET alias « Somali », opérateur radio. Source : « A nous Auvergne » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 176.
[13] Source : « A nous Auvergne » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 177.
[11] Témoignage de Irène CHABASSIERE.
[12] La mission « Benjouin » était composée du major Freddy CARDOZZO alias « Vecteur » chargé de l’inspection des maquis, du capitaine français Bernard GOUY alias « Médiane, « Chouan » instructeur en armement du lieutenant américain Jacques LEBAIGUE alias « Spirale » chargé de la répartition des armes et du sous-lieutenant français Jean TROLLET alias « Somali », opérateur radio. Source : « A nous Auvergne » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 176.
[13] Source : « A nous Auvergne » de Gilles LEVY et Francis CORDET page 177.