La Section Spéciale de Sabotage de Jacques Nancy dont Lucien Jean fait partie décide le 12 août 1944 de récupérer 500 litres de l'essence chez un « collaborateur ». Deux voitures et un camion s'engagent dans le bourg de Saint-Fraigne (située au Nord-Est de la Charente) qu'ils savent protégé par un mirador allemand.
Lucien Jean |
Extrait du livre deuxième de Nous, les Terroristes par Marc Leproux (1947) :
Lucien, qui est déjà un vieux maquisard sait ce qui l'attend : la prison et la torture avant le peleton. Il ne veut pas tomber vivant entre leurs mains. L'abdomen traversé de part en part il se sent défailler et dit simplement à son camarade qui n'a pas d'armes :
- Ecoute, Baron, je sens que je vais tomber dans les pommes ; les boches me prendront ; je ne veux pas risquer de vendre les copains ; je me descends avant qu'il ne soit trop tard. Tu prendras mon révolver après moi.
Et il se tire une balle dans la tête, se blesse et a le courage surhumain de tirer une deuxième fois.
Ainsi sans hésitation ce brave petit paysan de 21 ans fait le sacrifice de sa vie pour être sûr de ne pas « donner » ses camarades. Pauvre cher « Bouc » si joyeux et si bon camarade avec tes yeux de rêve et ta barbiche sympathique, comme tu chantais gaiement dans le camion qui nous emmenait hier !
Lucien sera laissé par ses camarades à la garde du maire du village de Saint-Fraigne avec une belle somme d'argent pour pouvoir à ses funérailles. Celles-ci auront lieu deux jours plus tard et seront touchantes par la dignité et la ferveur de toute la population qui tint à accompagner ce jeune héros.
Une stèle commémore le sacrifice de Lucien Jean, né le 16 octobre 1922 à Saint-Cézaire (17) à Saint-Fraigne sur la D 182 direction Souvigné, côté gauche.
(Photo Gérard Leray)
Une stèle commémore le sacrifice de Lucien Jean, né le 16 octobre 1922 à Saint-Cézaire (17) à Saint-Fraigne sur la D 182 direction Souvigné, côté gauche.
Son nom figure également sur le monument élevé près de Vouzan en mémoire des victimes de la S.S.S. (lien)